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samedi 29 août 2020
vendredi 28 août 2020
lundi 24 août 2020
vendredi 21 août 2020
Peri aphrodisiôn
![]() |
MATISSE
La joie de vivre |
Chère
amie,
Pour
en revenir à Flâne mystique, dans le texte, d’après
Galien (clic), auquel
je faisais référence, Oribase (LIVRE VI. DES EXERCICES.)
cherche
en quelque sorte à mettre en évidence — par cette condensation
de la pensée galénique — l'osmazôme de la paideia
grecque, où
les exercices — parmi lesquels il compte les rapports sexuels —
tiennent une grande place.
Oribase
fut le médecin et en quelque sorte l'encyclopédiste de l'empereur
Julien l'Apostat, pour qui il a compilé ces textes ; — Julien
l'Apostat ainsi nommé parce qu'il tentait de rétablir les cultes
polythéistes et plus généralement cette culture de la paideia
dans un moment où l'empire devenait chrétien et où cet idéal, —
réservé aux hommes et homophile, — mécaniste et
hygiéniste grec, d'un esprit sain dans un corps sain était
remplacé par un idéal chrétien de continence et d'ascétisme.
La
misère occidentale c'est cela : n’avoir eu le choix qu’entre,
d'un côté, une sorte de culture de salle de musculation et
d'arrière-salle contemporaine réunies — avec la pédophilie en
plus et un développement immodéré du goût pour les ratiocinations
théoriques qui accompagnent habituellement cette forme de névrose,
et, de l'autre, la haine des sens, très judéo-chrétienne — haine qu'a
très bien vue et nommée Nietzsche —, toujours la pédophilie — mais coupable, dans ce cas —, et
un développement tout aussi immodéré du goût pour les arguties — d’ordre
théologique, cette fois.
Le
tout à l’usage exclusif des hommes, et sur fond de domination
patriarcale (rapt et viol des femmes, des enfants et des esclaves,
violences sexuelles, maternité « non-désirées », haine
pré et post-natale des mères envers des enfants qui viennent à
leur tour grossir le fleuve, encore naissant, des porteurs de la peste
émotionnelle produite par tout cela, et qui en assurent le
développement historique, en ne pouvant que reproduire et
intensifier la séparation et la guerre entre les sexes.
Et,
Ovide mis à part — quoique pas contemplatif non plus —, personne
n'échappa à cette misère.
Pas même Épicure
qui — même si, contrairement à ce qu'affirme un commentateur (clic) en
s'appuyant sur une citation tronquée, il ne craignait et ne
condamnait les plaisirs sexuels que pour des raisons de kairos
— affirmait cependant, d’après ce que Diogène Laërce rapporte
(X 118), que l’homme sage (clic) :
« [Il]
évitera d'avoir commerce avec toute femme, dont l'usage est prohibé
par les lois, selon ce qu'en dit Diogène dans son Abrégé des
Préceptes moraux d'Épicure.
«
Il ne sera point assez cruel pour accabler ses esclaves de grands
tourments; loin de là, il aura pitié de leur condition, et
pardonnera volontiers à quiconque mérite de l'indulgence en
considération de sa probité; il sera insensible aux aiguillons de
l'amour, lequel, dit Diogène, livre XII, n'est point envoyé du ciel
sur la terre. Les plaisirs de cette passion ne furent jamais utiles ;
au contraire, on est trop heureux lorsqu'ils n'entraînent point
après eux des suites qu'on aurait sujet de déplorer. »
Ovide
—
qui,
lui, était sensible aux aiguillons de l’amour —
aura
eu une heureuse influence sur les Dames et les chevaliers
courtois, et
leur poésie.
Ils
ont à leur façon inspiré les Galantes et les Galants.
Ainsi
s’est perpétué un courant de pensée qui loin de craindre l’union
des sexes opposés y a vu l’occasion
pour que survienne dans l'Univers
la
forme suprême
de la volupté, puisque l'Homme, quand il aime, est bien sûr le jouisseur suprême. Eh quoi ! Qui d'autre ! (Ad
metam properate simul : tum plena voluptas, cum
pariter victi femina virque iacent (Allez tous deux au but :
la volupté totale c’est lorsque, défaits, l’homme et la femme
exultent de concert), écrivait Ovide)).
Jusqu’à ce moment où
—
sensibilisés
par ces prédécesseurs à ce que les femmes et les hommes gagnent à
rechercher une civilité et une extase harmoniques et sentimentales —
nous nous
décidions à apparaître, sur la scène du monde,
—
en
plein revival
festiviste grec, en
train de défaire l’anti-festivisme judéo-chrétien !
Nous y sommes encore.
Toujours
cette histoire de kairos.
Sans
remonter à l’aurignacien ou au magdalénien, dont parlait
Vaneigem, les hautes et anciennes civilisations indiennes et
chinoises — l’une avec le tantra, l’autre avec le taoïsme —
n’avaient pas ignoré la voie qui mène les femmes et les hommes de la chair à l’extase,
mais elles avaient ignoré — ainsi que je l’ai si heureusement (pour moi) écrit — :
la grâce, expérimentée en comme-un dans l’extase harmonique, la
jouissance du Temps qui suit et accompagne cette forme
sentimentale et accomplie de l'amour charnel, qui dévoile les chants
d'un nouvel amour, refondé par l'accord des sexes opposés sur la
base : de la délicatesse et de la puissance réciproques et
partagées ; de l'égalité des amants ; de la plénitude
et non plus de la déchirure.
L’Occident
judéo-chrétien — et donc évidemment hellénique —, finalement
barbare, a ignoré cette voie mystique et sensualiste, voie dont, avec
son esprit de rustre et de philistin, il croit pouvoir se faire une idée en feuilletant
la version simplifiée des Aphorismes du désir.
Pensés
pour la victoire militaire (clic), sa fabrication de névroses et leur
ordonnancement spécifique lui ont cependant permis de dominer le
monde.
Monde qui est donc partout puritain-pornographique, — de sorte
que même les Indiens ou les Chinois ne comprennent, aujourd’hui,
plus rien à leur ancienne culture de l'illumination par la grâce de l'amour charnel.
J’espère
avoir répondu à votre interrogation.
À
vous
R.C. Vaudey
P.S.
Voici la
citation complète des Propos de tables de Plutarque (clic), où ce
dernier fait dire à Zopyre, un épicurien, les raisons qui
poussaient Épicure à condamner la sexualité à certains moments, lui qui ne l’appréciait pas, en général :
"Frappés
de ces observations, les jeunes gens gardèrent le silence. Mais les
autres prièrent Zopyre de rapporter les paroles d'Épicure touchant
cette matière. Zopyre dit qu'il ne s'en souvenait pas exactement et
dans tous les détails, mais qu'il pensait que ce philosophe
redoutait les commotions produites par les rapprochements amoureux, à
cause de l'ébranlement, du trouble, des secousses que la
consommation de l'acte en question détermine dans les corps. En
général les sens sont alors déplacés de leur assiette ordinaire
par le vin, qui de soi-même est remuant et provocateur de désordres.
Si donc, dans un tel état, la masse de notre corps, au lieu de
trouver du repos et du sommeil, est assaillie par d'autres émotions,
par celles des plaisirs de l'amour, les ligaments destinés à
contenir, à lier la masse entière, tendent à se désunir et à se
briser; et il est à craindre que tout l'édifice ne s'écroule,
comme arraché de ses fondements. La semence vitale ne se produit
même pas alors avec facilité. Il y a obstruction des vaisseaux, par
suite de la réplétion. Ce n'est que violemment et dans des
conditions troublées, que la semence se fraye un pénible passage.
Aussi Épicure dit-il qu'on doit se livrer à cet acte lorsque le
corps est dans un calme parfait, lorsque, étant terminée la
digestion de la nourriture, celle-ci s'est répandue dans les
viscères pour les abandonner ensuite, et enfin, avant que l'on sente
le besoin d'une nouvelle alimentation."
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mercredi 19 août 2020
dimanche 16 août 2020
jeudi 13 août 2020
Hors monde
Chère
amie,
Ce
reproche d'être hors
monde
ne peut pas en être un.
C'est
une tradition chez les contemplatifs, que ce soit chez les poètes
inspirés
par
le
T'chan, ou, bien sûr, chez les gymnosophistes de l’Inde.
Les
premiers étaient le plus souvent aussi épris de boisson que de poésie :
pour reprendre ce que j’ai déjà dit en comparant Debord (époque
Champot) et Khayyam : leur contemplatisme était plutôt du genre
éthylique qu'idyllique.
Les
seconds, quant à eux, sont bien connus pour rechercher
l'illumination par l'intoxication haschischine.
Il
se trouve que j'ai fréquenté d'authentiques représentants de
ces deux « écoles », éthylique et haschischine, (et là, pour
paraphraser un autre poète, que je ne nommerai pas pour ne pas
l’embarrasser mais que les moteurs de recherche vous permettront de
retrouver facilement, je dirai que, de la même façon qu'il y a
quand même plus d'alcooliques légitimement anonymes que de génies
ivrognes et méconnus, il y a tout de même plus de fumeurs d'herbe
authentiquement abrutis que de rayonnants Illuminés par la grâce de
la ganja, —
mais enfin les poètes de l'époque des Thang, en plus des deux cités
précédemment, témoignent pour les ivrognes, —
quand Baudelaire ou Rimbaud servent traditionnellement à illustrer
le genre haschischin.
Des
usages croisés n'étant par ailleurs pas exclus.
On
pourrait, au nom de ces exemples fameux nous reprocher, à Héloïse
et moi, d'être, en plus de complices et de « potes »,
« hydropotes », en quelque sorte… De vivre une poésie d'amour
et d’eau
fraîche.
Ce
serait pour le coup nous faire une querelle d'ivrogne !
Bien
sûr, si l'on considère que les Chinois dont je parlais se
retiraient du monde après leur carrière dans le mandarinat et que
les Hindous le quittent souvent après soixante ans, leur vie
familiale et professionnelle dûment remplie, sans doute peut-on me
reprocher d'avoir abandonné très jeune le monde à ses affaires,
suivant en cela l'exemple du moinillon Lin-tsi ou, plus près de
nous, du jeune Debord (époque rue de Seine, cette fois).
Sans
regrets, si l'on pense que l'ère qui s'est
ouverte
après le
crépuscule des mystiques
—
qui n'avaient aucune chance d'influer sur le cours du monde —
est une catastrophe qui mène au chaos.
Sur
ce point, je partage beaucoup de l'analyse du Bréviaire
de
Caraco.
Tout
doit disparaître. Et tout disparaîtra.
Pour
notre part, nous donnons
seulement
l'idée et l'exemple d'une subsomption possible de l'opposition entre
patriarcat et matriarcat, quand Caraco croyait à
un
retour à un matriarcat premier, —
après
l'effondrement inéluctable du patriarcat.
Mais
c'était encore très optimiste : le monde de
fesse-mathieux —
aujourd’hui sous cocaïne et totalement désinhibés
—
qui s'est construit sur l'usure et le pouvoir de l'argent, depuis les
débuts de l'ère industrielle, demandera des siècles —
si tant est que l'entreprise séduise les Hommes —
pour
être dépassé : les Européens auraient pu abandonner leur
monde et leur genre de vie, au XVIIe siècle, peut-être, après la découverte de l'Amérique,
pour décider de vivre comme des Sioux, des Amish, des moines errants, ou
que sais-je encore : quelques famines, quelques guerres s'en seraient
suivies, les châteaux et les autres édifices seraient devenus des
ruines, et voilà tout.
Mais le
monde qui s’est construit depuis cette époque est toxique et
dangereux : c'est une véritable bombe, toujours sur le point d'exploser, qui
demande à être constamment entretenue par des spécialistes :
les
Hommes sont condamnés à y être assujettis
: des dizaines de millions de puits de pétrole, sur terre ou en mer,
ne sauraient être laissés sans entretien* ; de même que les
centrales nucléaires et leurs déchets ; on a vu à Beyrouth ce
qu'il adviendra des stocks de produits dangereux, si des gens, formés
pour cela, n'en prennent pas soin. Et
les
sites
Seveso
pullulent sur cette
planète.
« Le
mort a saisi le vif »,
disait, justement, Marx.
La
Technique au service l’hybris
usuraire et religieuse possède désormais les humains, et
leur dessine cet avenir omineux.
Et
même si les Hommes voulaient se déprendre d’Elle,
il leur faudrait encore sacrifier des générations avant d'y
arriver. Mais ils ne le veulent pas : ils vont donc — en croissance exponentielle — au chaos que
prédisait déjà Caraco qui, étant donné ce qu'il était (c'est
une sorte de karma), s'est illustré de la seule manière qui lui
était accessible.
Dans
un moment différent, sur d'autres bases, à partir d'autres modèles
(le T'chan, l’Abbaye de Thélème, Matisse, Bonnard etc.), nous
faisons ce qu'ont fait les poètes et les sages de tous les temps :
nous nous
consacrons
à l'Absolu (tout
simplement parce que c’est une recherche qui porte en elle-même sa
propre récompense)
pendant que le
siècle
se déchire et s'entraîne au néant, avec cette nuance —
reste d'enfants gâtés, aimés, bien élevés et de bonne famille,
sans doute…
—,
de vouloir cependant faire tout ce qu'il est possible de faire pour
que la Beauté puisse un jour sauver
le monde…
et permette ainsi à Éros de
triompher.
Comme
l'écrivait, à propos d'autre chose, une femme critique littéraire, qui
aura marqué son temps et échauffé les esprits : « On n'est pas
sûr d'y arriver, mais, grâce à [Héloïse Angilbert et] Vaudey, on
peut toujours rêver… »
R.C.
* En fait, après vérification, on parle de 20 à 30 millions de puits de pétrole abandonnés, laissés sans entretien et sources d'une pollution aussi insidieuse que menaçante ("méthane explosif et à très fort effet de serre, nappes de pétrole ou de saumures bourrées de substances toxiques voire radioactives." (clic.))
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mercredi 12 août 2020
Contemplatifs — galants, si beaux ou intelligents, pour connaître l'Extase, vivez autour des sources chaudes de l'amour, — toujours
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lundi 10 août 2020
Jeu de luth, nuit de lune
Chère
amie,
Voici
le poème promis :
Il
y a
— Juste
là —
Devant
moi
Un
endroit de douceur céleste…
Une
petite terrasse
Où
repose un chat…
Où
une paix vous saisit
Comme
une chance divine
Qui
vous entraîne dans l’Infini
Le
1er août 2020
Journal
d’un Libertin-Idyllique (Illuminescences) 2020
Le
mystique — de retour dans la Lumière — ne peut plus rien dire.
Aboli-accompli.
Au
mieux, revenu dans ce monde, il remercie.
Il
poétise.
L’homme
religieux prie, supplie. Quémande. Implore. Se
mortifie.
Sans succès.
L'athée
erre.
L’ignore.
Sec,
tout se refuse toujours à lui. Il est sans plus aucune limite. Mais
les lendemains de fête sont terribles.
Le
philosophe déblatère. Qu’il affirme ou qu’il nie, qu’il
pleure ou qu’il rie, il injouit.
À
défaut d’illumination, on voit ainsi de pauvres hères qui errent
: rois, tyrans, courtisans, conseillers des grands, exploiteurs des
petits, Rastignacs, rastaquouères, rien de ce qu'ils bafouillent —
avec ou sans style — n'intéresse l'éveillé.
Seuls
les poètes…
Et
encore, pas tous…
On
voudrait pouvoir avoir l'art de Lin-tsi d'amener les gens à
l'illumination d'un grand coup de bâton ou de chasse-mouches…
À
défaut de l’émouchoir ou du bâton de Lin-tsi, j’utilise Bach.
Avec encore moins de réussite que lui.
Faute
de pouvoir le faire moi-même, j’envoie
Hopkinson
Smith
et
son luth pour jouer sa chaconne à tous les « gentils seigneurs
et
à toutes les belles dames » de cette planète, en espérant
qu’il s’en trouvera une ou un que
cela pourra émouvoir, et qui, d’un coup, rejaillira dans l’Éclat et la Lumière.
Mais, vraisemblablement,
comme l’écrivait déjà Wang Tsi, au septième siècle, dans son
poème Jeu de
luth, nuit de lune
Accordé
à la lune ,
Je
joue pour un nuage :
Eaux
ni montagnes ne résonnent
À
l’oreille des sourds
Enfin,
que cherche-t-on ? À fixer des vertiges et des illuminations.
À
éveiller les déesses et les dieux qui s’ignorent.
À
les rendre à leur réfulgence première.
Mais
si c’est une élection, elle n’est pas le résultat d’un
scrutin.
Que
l’on nous aime ou non, qu’importe.
Que
l’accide toujours nous fuie, et que nous reposions souvent dans l'irradiance : voilà le point.
À
vous,
R.
C. Vaudey
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dimanche 9 août 2020
mercredi 5 août 2020
Le temps des plaisirs et des tendres amours
Chère
amie,
Le
terme de Libertin-Idyllique vient de Vaneigem et de son livre Le
mouvement du Libre-Esprit. À la page 217, il cite le pamphlet de
Calvin : « Contre la secte fantastique et furieuse des Libertins
qui se nomment Spirituels, avec une épistre de la même manière
contre un certain Cordelier, suppôt de la secte, lequel est
prisonnier à Rouen ».
Le
chapitre — qui consiste en extraits — qu'il consacre à ce pamphlet se
termine par cette citation de Calvin : « Ces malheureux profanent le
mariage, mêlant les hommes avec les femmes comme bêtes brutes selon
que leur concupiscence les mène. Et comment, sous le nom de mariage
spirituel, il colore cette pollution brutale : appelant mouvement
spirituel l'impétuosité furieuse qui pousse et enflamme un homme
comme un taureau et une femme comme une chienne chaude... »
À
cet endroit, Vaneigem a mis une note en bas de page, pour bien
marquer son mépris de Calvin et disant ceci : « C'est la traduction
calviniste de la passion amoureuse, où les amants, pareils aux
enfants, rêvent de se créer un monde d'innocence sans faute ni
contrainte. ».
Du
coup, il m'a paru que cette passion amoureuse — à la recherche de
laquelle j'étais —, où les amants pareils aux enfants se
créent un monde d'innocence sans faute ni contrainte, ne saurait
être le fait que de Libertins-Idylliques, où j'ai repris la
graphie qu'avait utilisée Calvin et que je venais de découvrir en
lisant — c'était à sa sortie, à l'automne 1986, dans l'édition
Ramsay — le livre de Vaneigem.
Bien
qu'ils aient été associés à leurs prédécesseurs du Moyen-Âge, les Turlupins, et comme eux, à l'époque et depuis, accusés des pires
turpitudes, c'est-à-dire accusés d'être des roués et de pratiquer le
libertinage le plus vil qui soit, j'ai penché à l'époque, et je
penche toujours aujourd'hui pour la thèse de Vaneigem, qui voulait
voir en eux des Hommes ayant retrouvé, dans l'amour charnel, tout à
la fois le sacré et l'innocence et la tendre ardeur originelles. Et
qui auraient donc ainsi été des mystiques galants avant l'heure.
Probablement y a-t-il eu des deux.
Il
en va de même avec le terme de galant, comme le note Viala, qui a
commencé par désigner des femmes et des hommes à la recherche
d'une nouvelle civilité, pour désigner ensuite des partisans d'un
libertinage roué, — que fustigeait déjà Lucien de Samosate dans ses célèbres pamphlets.
Quoique
j’aie cité souvent Debord parmi ceux qui, adolescent, m’ont
formé — avec Lin-tsi, Nietzsche, Reich, et d’autres —,
Vaneigem, et particulièrement son Traité de savoir-vivre à
l’usage des jeunes générations — dont, à vingt ans, nous
nous relisions les formules lapidaires-incendiaires avec un plaisir
gourmand, ébahis devant leur virtuosité —, m’a lui aussi
beaucoup marqué.
Et
que dire de ceci, tiré également de Le mouvement du Libre-Esprit :
« Il n'est pas jusqu'aux historiens modernes qui n’abordent avec
condescendance ceux qui ont su gérer l'exubérance d'une nature
qu'il n'était nécessaire ni de violer ni d'exploiter. Loin de
chercher dans l'aurignacien ou le magdalénien les traces d'une
civilisation spécifique, ils s'escriment le plus souvent de
découvrir l'ébauche balbutiante de notre ère. »
Et
aussi :
«
Il faudra bien un jour dégager des fresques pariétales et des
objets, — avec la fréquence de leurs symboles féminins, la fusion
de leurs principes mâles et femelles, la grâce de leurs
représentations animales et humaines —, l'esquisse d'un milieu
favorable à la vie. »
Enfin, n’oubliez-pas, maintenant que le doux silence de nos bois n'est plus troublé que de la voix des oiseaux que l'amour assemble, ne perdons pas un moment des beaux jours : c'est le temps des plaisirs et des tendres amours (ici, à 24'29)…
À vous,
R.C. Vaudey
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mardi 4 août 2020
dimanche 2 août 2020
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