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Homme-enfant-sage
Acrylique sur papier
23 juillet 1993
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Homme
solaire.
Évidemment.
(Le
8 août 2003.)
Les
dernières formes de l'exploration analytique telles qu'elles se sont
manifestées à partir de la seconde moitié des années soixante du
siècle dernier correspondent précisément à l'exploration de
l'enfer et du paradis par chaque individu, à l'intérieur de
lui-même.
Dans
le processus analytique, et particulièrement dans la réactivation
émotionnelle autonome dont j'ai parlé, chacun est confronté au
démoniaque à l'intérieur de lui-même, chacun est possédé par sa
rage, ses démons, sa violence incommensurable ; nul besoin d'aller
chercher des exemples historiques chez tel ou tel barbare politique
et historique, ou dans telle ou telle période féroce de l'histoire
: la violence satanique est là : c'est la vôtre ; mais cette fois,
lorsque ce réseau de défense cède — et c'est toujours un
réseau de défense — la détresse abyssale, la souffrance infinie,
le désespoir absolu, à faire exploser le cœur, se libèrent : des
niagaras de pleurs, toute la misère du monde, se débondent, et le
diable qui en vous se manifestait n'apparaît plus que comme ce
pauvre diable que vous êtes.
On
est martyrisé, on meurt, le monde est martyrisé, meurt, du fait de
pauvres diables ; rien de plus abominable que le pauvre diable.
Et
après avoir longtemps vidé les égouts de votre haine, de votre
folie meurtrière, dévoratrice, mutilatrice, déchireuse, folle,
sadique, le paradis s'offrira à vous sous la forme des
émerveillements primitifs, du désir d'amour irrépressible,
primitif ; et vous découvrirez, par exemple, l'origine de
la parole, et que vous avez voulu parler, la toute première
fois, par amour, ou pour exprimer toute la beauté que vous
ressentiez, et toute la joie, débordante et infinie, que vous aviez
de sentir un autre être humain en face de vous ; et pour avoir voulu
communiquer avec lui. S'impose un poème :
Homme
solaire
Évidemment.
De
bleu de blanc
De
rose et d'or
Homme
au cœur
D'or
Homme
d'amour
C'est
aussi un enfant
Aux
mains de feu
Et
de paix
Aux
magies
Bien
comprises
Aux
lèvres
Délicates
de baiser
C'est
aussi
Un
enfant-caresse
Fort
Au
cœur d'enthousiasme
Encore
! Encore !
De
grands yeux émerveillés
Dans
des silences
C'est
aussi un enfant
De
grand silence
Émerveillé
Ce
n'est pas un enfant
C'est
une force
Force
solaire évidemment
Très
calme
De
bleu de rose de blanc
Et
d'or
De
vert très très frais
Et
de jaune
Il
y a des champs
De
jonquilles et de boutons d'or
Des
prairies infinies
Rire
infini
Tape
dans les mains
Saute
balance
Danse
danse
C'est
aussi un enfant
Qui
danse
Qui
tourbillonne
L'amour
est un fleuve
Très
pur
L'amour
est l'âme
De
mon âme
Après
la paix
La
guerre
Les
drames
La
haine et les carnages
Nous
en avions tant à réaliser !
Les
beaux massacres que nous avons faits
Mordre
frapper déchirer
Marteler
piétiner !
Et
à coups de bassin
Qu'est-ce
qu'on pile bien !
Nous
avons tordu
Étouffé
Étranglé
Réduit
au plus rien
Assis
sur leurs ruines
Ayant
hurlé des rages
Et
des peurs et des peurs
Et
des rages
Que
de revanches prises !
Pleurer
des heures
Des
jours et des années
Nous
avons bien haï
Bien
détruit
Bien
massacré
Toutes
les horreurs du monde
Les
pires
C'était
nous garanti
Nous
avons bien haï
Bien
détruit
Bien
massacré
Et
puis le monde
Bascule
S'ouvrent
des cœurs
Immenses
Un
grand esprit étonné
Retrouvant
sa beauté
Un
grand esprit
Étonné
et retrouvant
Sa
bonté...
Nous
sommes resté
Sans
voix
Sans
parole
Immense
Ou
sur des rires fous
Des
enthousiasmes que
Je
ne saurais vraiment pas
Rendre
Je
m'y essaie
Je
m'y essaie
Sans
parole
Immense
Sur
des enthousiasmes
Qui
sont le bonheur même
Sans
mélange ni crainte
Il
y a forcément
Ce
moment où la vie est le bonheur
Est
l'espoir toujours
Réalisé
Où
la capacité
D'aimer
est immense
La
sensibilité une aile de couleur
De
perroquet
Il
y a forcément ces moments où la vie
Est
immense
Où
le bassin danse
Où
le vit
Est
immense
Le
regard ouvert émerveillé
Il
y a forcément
La
puissance immense
Et
l'honneur
Le
sens aigu des préséances
L'innocence
Émerveillée
L'enthousiasme
Sans
limite
La
bonté
Aux
mains
Au
corps tout entier
De
bonté
La
sagesse infinie
Enfant
j'étais un sage
Percevant
sous les mouvements bavards
L'âme
Les
cœurs
Les
souffrances
Les
gaietés
Les
peurs
J'ouvre
des yeux
Rieurs
J'ouvre
des mains
De
feu
“L'amour
vous rendra bons”
Nous
avons retiré de nos yeux
Le
voile
Le
gris de la vie
La
vie nous le redonne
Quelque
peu
Mais
l'âme du monde
Toujours
à la fin s'éclaircit
Nous
avons
Retrouvé
la mine
D'or
Je
l'ai dit
Nous
ouvrons de grands
Yeux
d'étonne
Nous
caressons des âmes
De
la seule douceur de nos âmes
Nous
ne faisons rien d'autre
Nous
appelons cela
La
poésie
C'est
forcément quelque part
Derrière
vos cris
Vos
pleurs
Vos
rages
Et
cet abattement
Discret
qui vous fait
Gris
des yeux
Des
corps
De
l'âme
C'est
un calme
Immense
Qui
exige le respect
Des
couleurs de merveille
Enfants
vous étiez des sages
Connaissant
la paix
L'enthousiasme
La
force le désir
Le
partage
Enfants
vous étiez
Sans
âge
La
sagesse c'est sûr
— Plaisanté-je
? —
N'attend
pas
Le
nombre des années
Homme
solaire
Évidemment
De
bleu de blanc
De
rose et d'or
Homme
à l'amour
De
long vol plané
Homme
sans limites
De
caresse d'extase
Homme…
Enfant…
Sage…
Qui
n'a pas bien haï
Ne
saurait bien aimer
Qui
n'a pas bien massacré
Ne
saurait caresser
Qui
n'a pas pleuré
Tout
le gris de la vie
Ne
saurait voir l'or
Du
Temps
Brillant
Qui
n'a pas bien pilé
Ne
saurait caresser
Du
ventre ou du vit
Et
les ventres et la vie
Qui
n'est pas resté
Glacé
en terreur
Sans
nom
Ne
saurait danser
En
extase
Des
orgasmes
— Calmes
puissants profonds —
De
bonheur
Ne
saurait rester
Illuminé
Tranquille
Immobile
Paisible
De
bonheur
Caressant
de son âme
La
douceur de votre âme
Homme
solaire
Évidemment
De
bleu de rose et de blanc
Et
d'or...
Homme-enfant-sage...
Le
23 juillet 1993.
Avant-garde sensualiste 3. Janvier 2005/juin 2006
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