Maistresse,
embrasse moy, baise moy, serre moy ;
Haleine
contre haleine échauffe moy la vie ;
Mille & mille baisers donne moy, je te prie ;
Amour
veut tout sans nombre, Amour n’a point de loy.
Baise & rebaise moy ; belle bouche, pourquoy
Te
gardes tu là bas, quand tu seras blesmie,
À
baiser (de Pluton ou la femme ou l’amie),
N’ayant
plus ny couleur, ny rien semblant à toy ?
En
vivant presse moy de tes lèvres de roses ;
Begaye,
en me baisant, à lèvres demy-closes,
Mille
mots trançonnez, mourant entre mes bras.
Je
mourray dans les tiens, puis toy ressucitée,
Je
ressuciteray ; allons ainsi là bas
Le
jour tant soit-il court vaut mieux que la nuitée.
Pierre de Ronsard (Sonnets
pour Hélène)
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Carte
du Pays de Tendre
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Sitôt
que le sommeil, au matin, m’a quitté
Le
premier souvenir est du con de Nérée
De
qui la motte ferme et la barbe dorée
Égalent
ma fortune à l’immortalité.
François
de Malherbe
La joie me possède
Ma
belle aimée
Nous
n'avons pas inventé
Les
« phrases de réveil de sommeil d'amour »
Nous
avons simplement poussé l'exploration du Pays de Tendre plus avant
Loin
des amours contingentes ou furtives
Nous
avons placé l'amour au centre du monde et de notre vie
À
l'exclusion de toute autre chose
Nous
avons posé l'amour comme un art qui serait notre seul art
Et
ce faisant
— Poissons
solubles dans les eaux de la jouissance —
Nous
avons
— Comme
il était prédit, et dans un même mouvement —
Réduit
l'art à sa plus simple expression
— Qui
est l'amour
L'amour
comme une gentilhommerie
La
gentilhommerie comme une galanterie
L'amour
comme une voie mystique
L'amour
comme une gentilhommerie contemplative — galante
Évidemment,
il fallait pour cela négliger le reste
— Pouvoir
négliger le reste
Et
le résultat de tout cela est pour moi miraculeux
J'ai
toujours recherché la joie et le bonheur partagés
Dans
l'amour ou dans l'amitié…
À
vingt ans dans l'utopie pratique…
Puis
dans la bohème artistique…
Mais
bien que parti dans l'enthousiasme des aventures
Et
de la liberté
Je
n'aurais jamais pu envisager être aussi heureux
Parce
que le bonheur que je connais grâce à vous je ne pouvais
l'imaginer…
Parce
que cette gentilhommerie mystique dont je parle
Je
n'en avais aucune idée…
Parce
que je ne pouvais savoir que les conditions pratiques m'en seraient
données
Que
j'aurais ainsi le loisir de m'abandonner au monde pour m'y confondre
— Ce
qui est le plus haut degré de l'extase d'exister —
Et
que je pourrais y parvenir de la plus mirobolante des façons :
Dans
nos étreintes voluptueuses
— Sentimentales
à l'excès —
Que
je ferais ce long chemin avec vous
Qui
allie la douceur de notre complicité
Aux
découvertes toujours plus intenses
De
ces terres de la jouissance du Temps et de l'amour
Que
nous croyons connaître et qui nous bouleversent
Toujours
davantage
Toujours
plus intensément
Alors
même que nous pensons à chaque fois avoir connu
Les
extases les plus bouleversantes…
Aujourd'hui,
j'ai vécu le plus merveilleux des rendez-vous galants…
— Vingt
ans…
Mais
avec l'aisance, la puissance et l'abandon que m'a donné le temps…
—
Le
plus bel amour depuis toujours
Expressément
lié à votre délicatesse
Et
à votre fraîcheur de jouvencelle…
Mêlées
à votre souveraineté de femme accomplie
— Au
plus bel âge de la vie
La
joie et un sourire de béatitude entendue
D'aisance
maîtresse
M'ont
accompagné tout au long de cette longue course
— Sans
fin —
Jusque
à cet abandon à cette Beauté convulsive totale
— Toujours
répété
– Sans
hâte —
Jaillissement
plénier et régulier
De
nos âmes mêlées
Où
nous nous sommes éperdument noyés
La
jeunesse de l'amour n'a pas d'âge
Comment
et qui remercier ?
Le 29 septembre 2018
R.C Vaudey
Journal d'un Libertin-Idyllique (Illuminescences) 2018
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