Ma
délicate
Ma
toute belle
Tandis
que le vent se déroule
Sans
fin sur le monde
Que
la burle hurle
Et
que craque le toit
Nous
Au
lit
On
imagine en riant
Un
nécessaire de sur-vie…
Sensualiste
:
Dans un flacon de verre de Murano
— Ou
de cristal —
Biseauté
et beau
Puisqu'ayant
la forme de votre sceau
Se
trouveraient réunis nos deux parfums
— Habit
Rouge et le tien — …
Dans ce gousset idyllique
Réalisé
par ce sellier renommé
— Notre
voisin —
Dans
une toile inspirée de votre tableau
De
ASHA à l'Infini
On
trouverait aussi
En
quantité
Du
chocolat
— Praliné
– comme il se doit —
… On
connaît déjà le chocolatier
On
n'a que le fleuve à traverser
On parle aussi d'un flacon de vin
— Bien
qu'habituellement on ne boive pas… —
Et
Pour
le vigneron
Nous
n'avons que l'embarras du choix...
Ce
serait
— Dans
tous les cas —
Le
vin de notre ermitage
Sensualiste...
Enfin
Bien
sûr
Il
nous faudrait de quoi peindre et écrire
— On
connaît de très anciens papetiers… —
Et
Pour
lire
Un
exemplaire de notre Journal…
Ainsi équipés
On
rit et on s'embrasse
Tant
et si bien qu'à la fin
Pour
admirer notre délicat et délicieux gousset
On
n'est plus du tout là…
Je
me suis déjà glissé dans le tien…
Ma délicate
Ma délicate
Ma
toute belle
J'aime
réveiller en vous
Le
chant sacré et doux
De
l'amour infini
J'aime
sentir comment
Ce
qui dormait encore l'heure d'avant
Entame
le plus beau des mouvements
Vers
la puissance
Et
le jouissement
J'aime
le délicat dialogue galant
— Jamais
le même
Toujours
changeant —
Qui
s'établit alors entre nos cœurs
Par
l'emportement de nos ardeurs
Et
je jouis de sentir comment
Votre
ferveur qui s'ouvre à moi
Et
m'entretient
— Toujours
pour la première fois —
De
cette grande passion qui l'étreint
Fait
resplendir le monde
Qui
bien sûr n'attendait que nous pour cela
Dans un moment où les êtres sont enfermés
Chacun
dans leur malheur
Capricieux
Bavard
ou muet
Mais
toujours mauvais
Cette
langue ardente
Qui
est la nôtre
Que
n'autorise que notre délicatesse
— Votre
sexe soyeux
Sentimental
et sensible
Idyllique
et délicat
Les
ondulations caressantes
Pénétrantes
Qui
me viennent de toute mon âme aimante —
Cette
langue ardente
Qui
est la nôtre
Dis-je
Je
la vois comme un prodige
Dont
je remercie le ciel
De
nous avoir fait la grâce
De
nous avoir donné le cœur et la chance
— Toujours
renouvelée
Jamais
acquise —
D'apprendre
ensemble à la parler
Ma belle amour
Ma belle amour
Mon
adorée
Ma belle amour
Mon
adorée
Nous
avons ce jour tant parlé
De
cette façon unique
— Si
délicatement
Si
puissamment
Si
exaltés —
Tandis
que le vent dehors se déchaînait
Sans
cesse
Sans
discontinuer
Se
brisant sur le granit de notre forteresse
Qui
protégeait la délicatesse
De
nos tendresses
Et
de nos ivresses
Sensualistes
— Qui
irradiaient
Comme
un foyer
De
puissance et de joie
Alors
que dehors les arbres et les âmes se brisaient
Dans
cette tempétueuse tristesse de novembre
Déchaînée
Ma
belle amour
Mon
adorée
Mon
feu de délicatesse et de joie —
Qu'à
la fin
Nous
en avons perdu connaissance
Au réveil
Le
soir
Le
vent
Qui
soufflait toujours plus fort
Ne
pouvait rien
Contre
nos rires enfantins :
Un
plat italien
— Un
met de roi —
L'abondance
du chocolat
L'étonnement
émerveillé
Que
l'amour nous avait donné
L'avaient
rayé du monde
Je
crois
Le lendemain, je riais encore
Comme
un enfant
Criant
: Encore !
Tandis
que vous me faisiez de grands yeux
Étrangement
bleus
Avec
des lunettes de martien sur le nez
Et
que la tempête s'époumonait
Sans
davantage pouvoir se faire remarquer
Ma
délicate
Ma
toute belle
Ma
belle amour
Mon
adorée
Tandis
que les arbres et les âmes se brisaient
Dans
ce novembre tempétueux et mauvais
Ma
délicate
Ma
toute belle
Ma
belle amour…
Mon
adorée…
Le
28 octobre 2014
Journal
d'un Libertin-Idyllique (Illuminescences) 2014
.