Distinguished
foreigners
(Utopie
post-économiste, post-analytique et post-idolâtres, — et
probablement, aussi, post-dystopique —, basée sur l'extase
harmonique des amants dans la jouissance charnelle, — extase
ouvrant sur la béatitude, la jouissance du Temps…)
Le passage au Nord-Ouest est ouvert !
Le passage au Nord-Ouest est ouvert !
La
route du nord vers les richesses de l'Orient !
— Ses
esclaves salariés bon marché –
essentiellement —
Plus
courte de vingt-cinq pourcents
Et
sans limite de tirant d'eau…
C'est
ça le plus beau !
D'immenses
chantiers sont engagés…
On
fondera des ports en eau profonde
En
Arctique, des armées de main-d’œuvre seront déployées :
Il
faudra des grutiers
Des
ingénieurs
Des
ouvriers
— Plus
ou moins qualifiés —
Des
boulangers, des professeurs
Des
amuseurs et aussi des dealers
Le
boom économique, Monique !
Et
adieu les brise-glace atomiques !
Engagez-vous
qu'ils disaient !
Des épiciers, des fonctionnaires
Des
gangsters
Des
putes et des hommes des différentes fois
— Les
Hommes ont les fois
Parce
qu'ils ont les foies…
Les
Hommes ont les foies…
Vu
ce qu'ils sont, y'a de quoi ! —
Enfin, foi ou pas
L'armée
industrielle est déployée…
Le
territoire pour elle aménagé…
« La
société qui modèle tout son entourage a édifié sa technique
spéciale pour travailler la base concrète de cet ensemble de
tâches : son territoire même. L’urbanisme est cette prise de
possession de l’environnement naturel et humain par le capitalisme
qui, se développant logiquement en domination absolue, peut et doit
maintenant refaire la totalité de l’espace comme son propre
décor. »
Et aussi :
« La décision autoritaire, qui aménage abstraitement le territoire en territoire de l’abstraction, est évidemment au centre de ces conditions modernes de construction. La même architecture apparaît partout où commence l’industrialisation des pays à cet égard arriérés, comme terrain adéquat au nouveau genre d’existence sociale qu’il s’agit d’y implanter »
Tu m'épates, mon vieux Guy !
C'est
la guerre !
(Contre
quoi, contre qui ?
C'est
pas dit …)
Et
quelle armée n'a pas de plans préétablis pour ses camps
Ni
de distribution hiérarchique des rôles que l'on doit tenir dans ses
rangs !
Engagez-vous
qu'ils disaient !
Les
lois du Marché...
Les
lois du Marché ?!
Laissez-moi
rigoler !
La
loi de l'injouissant !
« La
production capitaliste a unifié l’espace, qui n’est plus limité
par des sociétés extérieures. Cette unification est en même temps
un processus extensif et intensif de banalisation.
L’accumulation des marchandises produites en série pour l’espace
abstrait du marché, de même qu’elle devait briser toutes les
barrières régionales et légales, et toutes les restrictions
corporatives du moyen âge qui maintenaient la qualité
de la production artisanale, devait aussi dissoudre l’autonomie et
la qualité des lieux. Cette puissance d’homogénéisation est la
grosse artillerie qui a fait tomber toutes les murailles de Chine. »
Et
fondre la glace des pôles…
Ce
qui est moins drôle…
Qu'importe
au distinguished
foreigner
que je suis
À
l'aristocratique
déserteur
— Jouisseur
du Temps vécu —
Le
déploiement de ces armées de la peur
Et
du divertissement mainstream
— Il
faudra des acteurs
Des
écrits vains…
Il
y aura des métros…
Des
lecteurs — qui seront surtout des lectrices… —
Des
galeristes et des artistes…
Qu'importe au distinguished foreigner
À
l'aristocratique déserteur
« L’histoire
qui menace ce monde crépusculaire est aussi la force qui peut
soumettre l’espace au temps vécu. »
En
voiture Marilyn !
C'est
toi qui conduis!
C'est
moi qui souligne !
(C'est
pas Guy, bien entendu...)
La
révolution sensualiste est cette critique de la géographie
humaine à travers laquelle les individus (qui survivront à
cette guerre — et les communautés dégagées qu'ils
formeront) auront à construire les sites et les événements
correspondant à l’appropriation, non plus de leur travail, mais de
leur histoire totale. Dans cet espace mouvant du jeu, et des
variations librement choisies des règles du jeu, l’autonomie du
lieu peut se retrouver, sans réintroduire un attachement exclusif au
sol, et par là ramener la réalité du voyage, et de la vie
comprise comme un voyage ayant en lui-même tout son sens.
La
plus grande idée révolutionnaire à propos de l’urbanisme n’est
pas elle-même urbanistique, technologique ou esthétique. C’est la
décision de faire reconstruire intégralement le territoire selon
les besoins du pouvoir des Conseils de ladies et de gentlemen
contemplativ(f)(e)s — galant(e)s, par des machines, robotiques, elles
aussi idylliques, sur les
cadavres et les ruines qu'auront laissés le prolétariat
— en Occident, gavé, punkisé, hipstérisé, boboïsé,
c'est-à-dire hystérisé, et partout ailleurs, affamé et
fanatisé religieusement ou autrement — et ses contremaîtres,
usuriers entechnicisés et embigotés, prolétariat et contremaîtres
tous autant qu'ils sont belle bande d'injouissants, qui
bêlant, qui frimant, qui psalmodiant, tous puante vermine qui couine
— et court à la ruine.
Et
le pouvoir de ces Conseils de maîtres sans esclaves, qui ne
peut être effectif qu’en transformant la totalité des conditions
existantes, ne pourra s’assigner une moindre tâche s’il veut se
reconnaître lui-même dans son monde.
J'ai
dit !
Post-scriptum
En
1967, Debord écrivait au responsable d'I.C.O., Henri Simon : « Dans
le développement maximum du mouvement possible, pour notre part nous
croyons que la majorité des ouvriers doivent devenir des
théoriciens. Sur ce point, nous ne sommes pas aussi « modernes »
que les provos : nous sommes aussi naïfs que d'autres ont pu l'être
il y a cent vingt ans. Vous me direz que c'est difficile. Nous
répondrons que, le problème dût-il rester posé pendant trois
autres siècles, il n'y a absolument pas d'autres voies pour sortir
de notre triste période préhistorique. »
En 2016, je vous déclare donc ceci : « Dans le développement maximum du mouvement possible, pour notre part nous croyons que la majorité des salariés et des autres doivent devenir des Libertins-Idylliques. Sur ce point, nous ne sommes pas aussi « modernes » que certains : nous sommes aussi naïfs que d'autres ont pu l'être il y a cent soixante-dix ans. Vous me direz que c'est difficile. Nous répondrons que, le problème dût-il rester posé pendant trois autres millénaires, il n'y a absolument pas d'autres voies pour sortir de notre triste période préhistorique-historique. ».
En 2016, je vous déclare donc ceci : « Dans le développement maximum du mouvement possible, pour notre part nous croyons que la majorité des salariés et des autres doivent devenir des Libertins-Idylliques. Sur ce point, nous ne sommes pas aussi « modernes » que certains : nous sommes aussi naïfs que d'autres ont pu l'être il y a cent soixante-dix ans. Vous me direz que c'est difficile. Nous répondrons que, le problème dût-il rester posé pendant trois autres millénaires, il n'y a absolument pas d'autres voies pour sortir de notre triste période préhistorique-historique. ».
Exemple concret de « conseil » de jouisseurs contemplatifs — galants
(Première mise en ligne, le 11 avril 2012) http://les-passions-affirmatives.blogspot.fr/2012/04/r-c-vaudey-ou-lantesade.html
Alors
que le soleil se couchait et qu'ils étaient tous sur la plage de B…
près de C…,
sur les rivages de l'océan Indien, l'assistant de Lin-tsi demanda à
R.C. Vaudey quelle importance il attribuait, dans le fameux Tableau
du
monde qu'il
peignait, à la sensualité.
Vaudey
répondit : « La sensualité est la possibilité permanente
d’arracher le monde à la captivité de son insignifiance et, dans
l'époque présente, de s'extraire de la civilisation moderne : cette
invention d’ingénieur blanc pour roi nègre. »
Lin-tsi dit :
— C'est
comme le vieil air : "Au bord de la rivière recommençaient le
soir ; et les caresses ; et l'importance d'un monde sans importance."
; même si on ne les a pas écrits, cette phrase et ces aphorismes le
mériteraient !
Et
il éclata de rire.
— Ou bien, dit Ikkyu, comme ce constat, non de Debord, comme cette phrase que vous venez de citer, mais toujours de Nicolás Gómez Dávila :
« Un
corps nu résout tous les problèmes de l’univers ».
Ou encore comme cela, que l’on trouve dans le Kuttini Mahatmyam, dit Héloïse :
«
Quelles que soient les pensées qui nous occupent, elles
s'évanouissent lorsque vient le moment de l'étreinte.
Quand
l'homme et la femme s'unissent et ne font plus qu'un, il n'y a rien
sur cette planète qui saurait dépasser la joie de ce moment. »
Shinme, la belle fiancée de Ikkyu, dit à son tour : « Elle s'agrippe au profond ciel nocturne de ton corps, ses rauques soupirs d'amour exhalent un secret parfum qui se répand furtivement dans le monde entier : que sont donc les étoiles resplendissantes qui remplissent cet univers dansant, sinon les perles de sueur dispersées par leur violente bataille d'amour »
La
belle Lise, qui accompagnait toujours Lin-Tsi, déclama élégamment
: « La Fleur de Lotus, l'organe sexuel de la partenaire, est un
océan de béatitude.
Cette
fleur de Lotus est également un endroit transparent, où la pensée
de l'illumination peut s'élever.
Lorsqu'elle
est unie au Sceptre, l'organe mâle, le mélange de leurs fluides se
compare à l'élixir produit par la combinaison de la myrrhe et de la
muscade.
De
leur union émerge une pure connaissance qui explique la nature de
toutes choses. »
Et
tous riaient et applaudissaient, et l’assistant avec, caressant lui
aussi sa belle.
— Au
regard de cela, qu'est-ce que le reste ? Toutes les théories sur
l'Être ou sur le Néant, sans parler de la suite ? … : Macache
woualou ! dit Lin-Tsi, avec
sa façon directe.
— Nada
! Rien !, répétaient les autres en chœur.
— Du
bruit avec la bouche ! disait l'un.
— Des
millions de volumes de papier noirci pour rien, même pas bon comme
torche-cul ! disait l'autre.
Et
l'un contrefaisait les théoriciens « libertaires-solaires »
nietzschéens-de-gôche,
l'autre les « sombres-nihilistes » schopenhaueriens-de-tous-azimuts
; on mimait les pro-situs ombrageux, qui s'entredéchiraient ;
les pompeux heideggériens faisaient se gondoler l'assemblée, qui
demandait déjà grâce lorsque quelqu'un imita les pratiquants du
zen puis les raffolants du taoïsme et d'autres « exoticités » ;
les lourds kantiens parurent à tous irrésistibles, et lorsque l'on
singea d'improbables sensualistes, les rires étaient à leur apogée.
Le jour, il y avait eu le ciel, le soleil et la mer.
La nuit, de peine lune, était tombée d'un coup, chaude et étoilée. Les vagues, irréellement, brillaient des reflets roses phosphorescents que leur donne, à cette période de l'année, une espèce particulière de micro-plancton que l'on trouve sur ces côtes.
Comme
le feu faiblissait, les couples se levèrent et se quittèrent en
riant, enlacés, pressés de se retrouver dans l'intimité.
Tous
passèrent devant deux pêcheurs qui se préparaient à partir en
mer, dans leur pirogue à balancier ; et qui les saluèrent.
L'un
des pêcheurs demanda à l'autre : « Que reste-t-il de tout ça,
pour ceux et celles que Vaudey a appelé les injouissants
contemporains ? »
— Rien
! répondit l'autre, qui ajouta :
— Pour
paraphraser Guy-Ernest Debord, je dirai qu'au réalisme et aux
accomplissements du système qui emploie ces fameux injouissants
contemporains — système
qu'ils plébiscitent, et
qu'ils ont façonné, par
leur misérable réalité — on peut déjà connaître les capacités personnelles des exécutants qu'il a formés. Et en effet ceux-ci se
trompent sur tout, et ne peuvent que déraisonner sur des mensonges :
ce sont des salariés pauvres qui se croient des propriétaires, des
ignorants mystifiés qui se croient instruits, et des morts qui
croient voter.
Séparés
entre eux par la perte générale de tout langage adéquat aux faits,
perte qui leur interdit le moindre dialogue ; séparés par leur
incessante concurrence, toujours pressés par le fouet dans la
consommation ostentatoire du néant, et donc séparés par l'envie la
moins fondée et la moins capable de trouver quelque satisfaction,
ils sont même séparés de leurs propres enfants, naguère encore la
seule propriété de ceux qui n'ont rien.
Ces
enfants, ils les ont abandonnés, comme ils se sont abandonnés
eux-mêmes, à des machines et aux plus archaïques des robots —
dont ils ne sont que les servants — qui leur ont déversé, depuis
leur plus jeune âge, et de façon toujours plus violente et
réaliste, les images du meurtre, du viol et de la destruction.
Ce
sont tous des sadiens — qui se revendiquent comme tels, ou qui
s'ignorent — plus ou moins pleurnichards, plus ou moins enragés,
qui passent leur temps, d'une façon ou d'une autre, à penser à
la mort mais sans en avoir jamais connu le goût. Ils s'en
pourlèchent macabrement les neurones sans savoir qu'elle pourrait
les saisir dans l'instant même.
Ce
sont des brêles, tous et toutes plus tordu(e)s, vicieu(ses)x et
mauvais(es) les uns et les unes que les autres, qui ne connaissent et
n'aiment que la violence et la mort ; et ça tombe bien parce que
l'époque va les servir, comme elle en a déjà servi d'autres
auparavant. »
— Y
a quand même une logique… conclut l'autre, et il se leva pour se
diriger vers leur embarcation.
Et
ils partirent en mer, pêcher.
.