Un
jour on admire la « Joconde des Géologues »
Quelque
part sur le bord d'une petite route
Dans
les gorges du Doux
Il
y a un peu plus de trois cents millions d'années
— Si
ma mémoire est bonne —
Les
forces telluriques y ont laissé une empreinte
— Magnifique
– À
qui sait la voir —
Et
le grès aujourd'hui à cet endroit a deux teintes
— Là
où une grande flèche blanche
A
traversé alors un mille-feuilles de pierre rose
Déjà
solidifié
Avec
nous son inventeur
— Ou
peut-être faut-il dire son inventrice ? —
Comme
il est d'usage de nommer
Celles
et ceux qui découvrent des trésors
Lit
pour nous dans ces roches
L'histoire
de la Terre
— Comme
à livre ouvert —
Nous
sommes à cet instant des enfants
Sur
cette masse magmatique en fusion
Qui
avec sa galaxie
Tourne
éperdument dans la nuit
Tout
en se refroidissant
— Et
sur la croûte de laquelle nous nous aimons
Et
nous passons…
À
trois cent soixante degrés
La
vue et la vie sont une splendeur
— Dans
la brume fraîche
De
cette après-midi ensoleillée
Le
lendemain
Nous
traversons le Rhône à pied
Et
nous marchons d'un pas décidé
Au
milieu d'un pont routier déserté…
Les
choses ont bien changé
Sur
la Pangée
— Morcelée
—
Où
les animalcules
Qui
s'y sont développés
S'affrontent
et se bousculent
Que
restera-t-il d'eux dans trois cent millions d'années ?
Un
autre jour, nous allons écouter les musiciens…
Il
n'y sont pas — mais le chœur y est bien —
Tout
est aimable
Nous
défendons maintenant de l'Immatériel
Les
zones poétiques de sensibilité
Le
Rio Négro a son manifeste
Nous
avons le nôtre — de notre côté —
L'ensemble
est cohérent…
Lorsque
nous en parlons
Les
gens sont contents
— Que
n'ont-ils aimé de la même façon
– Il
y a dix sept ans –
Le
bel amour que nous leur offrions…
Avec
tout cela, le temps dédié à notre art contemplatif — galant est
écourté…
Le
désert est le secret de l'amour :
« Consacrez
toute votre vie à l'amour et au merveilleux
Et
négligez le reste »
Est
un propos de poète mystique anachorète
— Ou
plus justement cénobitique – puisque nous vivons à deux —
Retiré dans sa thébaïde raffinée
Aujourd'hui
l'Avant-garde sensualiste avait vingt-sept ans
— Et
j'étais pourtant plutôt comme un adolescent !
Tout
m'était trop beau
Trop
bon
Dans
l'amour qui nous unissait
Tandis
que je m’étirais fantastiquement
Bienheureux
au Ciel
Dans
la nuit
J'écris
l'histoire de cet amour…
Ses
aventures et son si beau tour…
Inespéré…
Je
dis comment il s'est intensifié
Sensualistement…
Et
tout aussi bien mystiquement
Spirituellement…
— Tout
en se déployant
Matériellement…
Naturalistement…
— Toutes
ces choses
Qu'à
l'époque nous ne pouvions pas même imaginer
— Ni
espérer —
Puisque
personne ne nous avait dit qu'elles existaient…
Et
qu'il nous a fallu nous aussi les inventer…
La
Pangée
Elle
se disloque dans le temps
Sur
la croûte de ce globe en fusion se refroidissant
Tournoyant
dans l’espace glacé de la matérialité
L’amour
contemplatif — galant
Il
nous fusionne dans le Temps
— Ce
miracle rayonnant de l’Éternel Présent —
Dans
le saisissement muet du directement vécu et de l’ineffable…
— Là
où s’effacent toutes les fables
… Et
toutes les représentations…
Comprenne
qui pourra…
— Évidemment…
Le
15 décembre 2019
R.C.
Vaudey
Journal
d'un Libertin-Idyllique (Illuminescences) 2019
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