samedi 29 mars 2014
vendredi 21 mars 2014
LA JOIE D'ÊTRE
Au
matin
Nous
sommes d'abord
Sans
voix
À
regarder
Le
silence de l'hiver qui nous entoure
De
son calme
Absolu
Si
le monde partout
Souffre
Du
bruit et de la fureur
Ici
pourtant
Et
pour nous
Il
se tait soudain
Le
silence contemplé
À
deux
Dans
l'amour
Est
comme un immense gouffre
Qui
s'ouvre
Majestueusement
Et
toujours
Nous
surprend...
On
peut le faire disparaître
Rien
qu'en le remarquant
Tellement
Il
est subtil et
Évanescent…
Lorsqu'il
vous saisit
Dans
la plus ou moins grande agitation de la vie et de l'esprit
Vous
reconnaissez
Immédiatement
Sa
profonde magie et
Vous
remerciez la vie
De
vous offrir
De
nouveau
Son
miracle
Vous
n'osez y croire
Craignant
que quelque pensée
Plus
ou moins vague
Ne
vienne
Le
troubler et le dissoudre...
Et
d'abord cette pensée-là :
Cette
crainte vague... !
Mais
non !
Votre
tête et votre beau visage
S'abandonnent
sur mon épaule
Vous
ne dites plus rien
Enfin
nos esprits sont
Dans
le Vague du Temps
Perdus
dans la pure contemplation du silence et du jour
Totalement
calmes et sans vent
Où
la plus petite
Brindille
des buissons
Et
des arbres
Est
absolument sans mouvements
Et
nous avec
À
ce degré étrange
Et
si rare
Nous
goûtons
La
douceur de l'amour
Sans
paroles
Sans
pensées
Et
sans subvocations…
C'est
notre vocation
Sans
doute
Elle-même
Plutôt
muette
Parce
que rare
Que
de goûter ainsi
Pleinement
Le
silence de la jouissance du Temps...
À
nous voir aujourd'hui ainsi perdus de douceur
Dans
le silence amoureux sidéral de nos esprits
Au
cœur de nos terres
On
imaginerait mal
Nos
soupirs et nos râles
De
joie joueuse et animale
Nos
grands appétits
Et
leurs mouvements
Exaltants
Tout
ce qui puissamment
Et
si délicieusement
Nous
animait
Hier
dans l'amour
Exalté-exaltant...
Mon
corps se souvient
Maintenant
Précisément
De
ces sensations foudroyantes
Et
bonnes
Lorsque
nous nous aimions...
De
la joie et de
L'amour
que nous nous donnions...
La
joie
L'enthousiasme
La
volupté
Des
sensations
Les
cris
Les
râles
Les
éjaculations — celles que l'on retarde – gourmand —
Celle
qui dévale et dissout le monde pour nous
La
magie péristaltique des ondulations et la félicité que l'on en
ressent
Le
beau bouillonnement et tous les échauffements de l'amour ardent qui
nous donnent
Le
rouge aux joues, aux seins, aux cuisses, aux épaules et partout
La
fièvre coruscante qui m'étreint
Voilà
tout ce que l'on aime
— Ça
et rien d'autre —
Avec
la musique sacrée de Mozart et
Le
soir
Plus
tard
Et
encore ce matin
Marcus
Miller avec
Sa
grande santé
Virtuose
impériale
Subtile
et délicate
Qui
ressemble à la nôtre
Qui
n'est pas de l'ordre de celles
Qui
font vibrer les foules
Mais
que nous expérimentons avec ce même bonheur
Qui vous fait remercier
le ciel...
La
grande santé
Virtuose
impériale
Subtile
et délicate
Dans
l'amour
Voilà
donc
Ce
dont le ciel
Nous
a fait don
Avec
le grand goût du silence
Qui
va avec
Remerciant
ceux que caresse la grâce
Et
qui nous l'offrent dans le puissant déploiement de ce qu'ils sont
Nous
savourons la joie d'être
Et
nous nous taisons…
Février
2009
Journal
d'un Libertin-Idyllique (Illuminescences) 2006-2009
.
mercredi 12 mars 2014
La poésie de l'amour contemplatif — galant est-elle contagieuse ?
Merci,
tout d'abord, pour votre très beau compliment.
J'ai
hésité à mettre en ligne ce poème mais votre réaction me laisse
penser que j'ai bien fait de le faire…
Pour
les commentaires, il n'y a pas d'autres moyens que cette adresse
e-mail pour que vous puissiez me communiquer vos impressions : ne
soyez pas désolée de ne pas pouvoir envoyer un mot autrement, c'est
tout simplement impossible !
Il
faudrait que nous ouvrions les commentaires à tout le monde, et nous
ne le souhaitons pas… pour des raisons que vous comprendrez
facilement…
Pour
les mêmes raisons, d'ailleurs, qui font que j'ai hésité à mettre
ce poème en ligne, comme j'hésite maintenant à en mettre d'autres,
qui sont tous de la même veine : comme je l'ai écrit dans l'«
Avertissement » — que vous avez peut-être lu puisqu'on le
trouve sur Internet — qui préface en quelque sorte le Journal
d'un Libertin-Idyllique, tous ces poèmes sont en fait des «
phrases de réveil de sommeil d'amour », pour le dire d'une
expression que j'ai formée en combinant l'expression célèbre
d'André Breton, qui parlait de « phrases de réveil » — ces
phrases qui apparaissent, parfois, lorsque notre esprit émerge du
sommeil, et que la « raison raisonnante » ne contrôle pas, ce qui
importait beaucoup à Breton, qui voyait en elles l'incitation et
l'inspiration à écrire un poème, dont elles donnaient le début —
et cette expression : « le sommeil d'amour » tirée du poème de
Rimbaud, Bonne pensée du matin (1872) :
«
À quatre heures du matin, l'été,
Le
sommeil d'amour dure encore.
Sous
les bosquets, l'aube évapore
L'odeur
du soir fêté. »
Tous
ces poèmes, donc, que j'écris, ne procèdent pas d'une inspiration
multiforme, [...], mais sont, tous, ou presque, des « phrases de
réveil de sommeil d'amour » qui me viennent dans cet état
poétique particulier que donnent, dans les heures et les quelques
jours qui les suivent, ces formes particulières de l'amour et de la
jouissance amoureuse dont je fais l'éloge parce que je ne peux pas
faire autrement et parce que je les trouve les plus belles du monde —
et qui n'intéressent personne, dans une époque qui est plutôt
occupée à redécouvrir l'orgiastique, l'orgie donc, ou les caprices
infantiles sexuels et la consommation de multiples « partenaires »
pour les satisfaire, qui sont précisément ce avec quoi les gens de
ma génération et de mon genre ont commencé leur vie sentimentale —
en 72, également, mais pas du même siècle que Rimbaud… —, et
qui sont justement ce à quoi il m'a fallu échapper pour trouver
enfin « l'intimité » et « la pulsation des cœurs dans l'amour
accordé… ».
J'ai
rencontré cette forme accomplie de l’amour, il y a 20 ans, en
rencontrant Héloïse, et depuis il ne nous a pas quitté. Ni
l'inspiration qu'il donne. Le poème daté du 15 décembre 1992 : «
Sur la plage du ciel l'âme étoilée… » et la toile Woman
— que l'on trouve tous les deux sur le site, à la date du 18 avril
2012 — sont parmi les tous premiers poèmes et les toutes premières
toiles qu'Héloïse et son amour m'ont inspirés.
Mais
je me souviens tout à fait de ce que l'on peut penser lorsque l'on
est sous l'influence de l'alcool et, également, d'à peu près
toutes les sortes de drogues que l'on peut imaginer, ou dans un lit
avec des filles charmantes, même si elles sont parfois un peu
perturbées, et je sais, en conséquence, ce que pourrait inspirer ma
poésie à des gens qui sont dans ces mêmes situations, aujourd'hui,
et qui découvriraient ainsi, sur Internet, les formes poétiques que
produit ce que j'ai appelé le libertinage idyllique, qui est
ce que l'on découvre par-delà les plaisirs infantiles de la
transgression et de la régression que, vous l'avez bien compris,
je ne condamne pas, et certainement pas pour des raisons morales,
mais dont je pense seulement qu'ils manifestent une forme
d'immaturité, et donc d'indélicatesse — une forme de défouloir,
aussi, aux souffrances du passé, du présent, et de celles que l'on
craint de l'avenir — qui mérite d'être dépassée : c'est pour
cette raison, entre autres — pour que de jeunes ou de vieux
attardés ne viennent pas s'y défouler —, que les commentaires
sont fermés sur notre site. Je connais, heureusement et
malheureusement, « un peu beaucoup » le monde.
J'hésite
maintenant aussi à publier ces poèmes parce qu'ils sont le reflet
de la plus « intime intimité » — tellement qu'Héloïse,
qui est une femme tout à la fois lyrique et d'une grande pudeur,
évite de les lire… Avoir des lecteurs lorsque l'on publie est une
chose : on ne les connaît pas. Ils vous écrivent éventuellement
par le biais de votre éditeur, mais c'est tout.
Sur
Internet, on finit par se parler, dans les commentaires, et, du coup, je ressens une gêne à publier certains textes parce que j'ai
l'impression d'en connaître un peu les lecteurs éventuels.
[...]
Ces
poèmes, vous l'avez compris, sont en fait, pour la plupart, des
lettres d'amour : on a moins de mal à les rendre publiques lorsque
l'on ne voit pas le public. Pourtant, nous avions décidé, dès le
début, de le faire, et qu’il nous fallait écrire, ou peindre, ce
Traité de savoir-jouir à l’usage des jeunes générations,
comme je l’ai intitulé, en détournant le titre célèbre d’un
livre fameux d’un situationniste.
Vous
me dites de façon très belle : « Si tous les maux de ce monde
sont, à ce qu´il se voit, contagieux, il me reste à espérer que
la beauté de votre poème l'est aussi », et c'est, étrangement,
ce qui nous a décidés avec Héloïse — en riant, comme des amants
heureux — à « fonder », le 15 décembre 1992, justement, « sur
les rivages de l'océan Indien », où nous avons passé six mois
cette année-là, l'Avant-garde sensualiste — et peu de gens
perçoivent l'humour un peu sans espoir qui se dissimule sous ce
titre ronflant — : nous voulions intervenir, avec nos façons
poétiques, dans l'évolution des relations entre les hommes et les
femmes… En espérant que nos découvertes émerveillées et
poétiques seraient, comme vous le dites si joliment, contagieuses
— au moins pour les jeunes générations… Héloïse avait
vingt-deux ans…
Pendant
10 ans, nos activités sont restées très belles mais très secrètes
; en 2001, j'ai envoyé, par la Poste — comme dans les légendes —,
le manuscrit du Manifeste à Gallimard, et plus précisément
à Philippe Sollers qui venait de publier un livre sur Casanova et un
film sur Guy Debord — deux écrivains, deux poètes à leur façon,
qui, d'une façon ou d'une autre, ont influencé, dans ma jeunesse,
ma poésie et ma théorie — : c'était la première fois que l’idée
me prenait d’envoyer un manuscrit quelque part — ayant surtout
publié, par moi-même, des plaquettes philosophico-poétiques dans
la bohème artistique parisienne des années 80 — et Sollers, qui
habituellement ne répond pas avant des mois, et toujours, ou
presque, par la négative, m'a répondu deux semaines plus tard qu'il
serait heureux de me publier dans sa collection. Ce qui était fait
trois mois plus tard.
Lorsque
l'on sait l'attachement de Sollers pour Sade — il a travaillé pour
que l'œuvre complète du marquis de Sade soit publiée, par Antoine
Gallimard, dans la prestigieuse collection de la Pléiade — on peut
comprendre que, quoi que l'on pense de ses positions politiques (il
était maoïste, il y a 40 ans, c'est aujourd'hui un « socialiste »,
catholique romain, papiste, fidèle de Benoît XVI), ou de son rôle
dans le monde de l'édition, je suis assez content, en tant
qu'Antésade, comme je me suis nommé moi-même — en
inventant pour le coup le nom d'après l'Antéchrist de
Nietzsche, et avec la modestie qui me caractérise — d'avoir été
publié par lui. Précisément.
Je
le crois un « grand écrivain », malgré tout ce qu'on peut dire de
lui, et un grand connaisseur de la littérature, même s'il est, et a
été — dans la lignée du marquis de Sade, de Georges Bataille
dont il fut un proche, et, aujourd'hui, d'une Catherine Millet, dont
il est un ami intime depuis 40 ans, ou d'une Angot, qu'il soutient —
le fer de lance, en quelque sorte, de cette littérature de la
transgression et de la régression dont je pense qu'elle a fait son
temps avec les mœurs qui la portent et qui — ces mœurs et cette
littérature — doivent être dépassés dans une nouvelle rencontre
amoureuse — qui se situe au-delà, et non en deçà, de
cette régression et de cette transgression — et qui soit
égalitaire, sentimentale, abandonnée, entre des hommes et des
femmes enfin parvenus à maturité.
Mais,
parmi tous les maux du monde que nous évoquions, et qui ne
favorisent en rien ce « nouvel amour », pour le dire
comme Rimbaud, je vois bien le sort qui est réservé maintenant aux
femmes.
Quoi que
l'on pense des années 70 et de sa jeunesse, j'ai connu alors des
femmes très libres et très fortes. J'ai vécu, plus tard, au milieu
des années 80, entre Paris et ma campagne. J'habitais Montmartre. En
descendant la rue Lepic, je retrouvais la place Blanche et le café
où se réunissaient André Breton et les surréalistes. Mais j'étais
aussi dans ce « quartier chaud » de Paris, à quelques centaines de
mètres de la place Pigalle — ; et, aujourd'hui, je vois bien
que certains voudraient bien habiller les petites filles pré-pubères
comme s'habillaient les dames que l'on y croisait alors, que l'on
appelle des putains, et avec lesquelles je me flatte, bien que je les
respecte, de n'avoir jamais eu, de ma vie tout entière, aucun
commerce. Je suis parti à 18 ans avec l'idée, héritée de Breton,
que ce serait « l'amour et le merveilleux », sinon rien : je m'y
suis tenu. Et même dans mes dérives sensuelles, je n'ai jamais été
entouré que par des jeunes femmes que j'aimais… Et, finalement,
j'ai bien fait de m'y tenir puisque cela fait 20 ans que je suis
ancré, en tête-à-tête avec Héloïse, dans l’amour et dans le
merveilleux.
Notre poésie n'a pas
été contagieuse. Il suffit de considérer le rôle qui est
dévolu aujourd’hui aux femmes européennes — concurrencées par
de pauvres filles que l'on fait venir des pays de l'Est, d'Afrique,
d'Asie — que la pornographie humilie, viole, traite comme des bêtes
(il y a quelques années, est paru un livre intitulé Enquête sur
la pornographie de la démolition, je crois, écrit par un ancien
partisan et défenseur du genre, dans les années 70 justement,
effrayé par ce qu'était devenue ce qu'il avait tout d'abord cru
être une libération).
Bref, la guerre des sexes n'a jamais autant fait rage.
En
2002, au moment même où sortait le Manifeste sensualiste,
sortait un « manifesto », d'une très jeune
réalisatrice de films pornographiques, probablement spécialisée
dans le sadomasochisme : tous les vieux grigous du journalisme
parisianniste se sont jetés sur le gâteau, espérant sans doute
finir par des travaux pratiques avec l'auteur — après l'interview.
C'est
l'époque, et encore une fois ni moi ni Héloïse n'accepterions
d'avoir à faire les singes « sensualistes » au milieu du
microcosme parisien qui est, comme on le sait, composé de bonobos
orgiastiques… et en rut… (l’image vous fera rire…)
Ce
que je dis pour la poésie, la littérature et la philosophie, est
tout à fait valable pour l'art contemporain, qui est tenu par les
mêmes, où l'on retrouve Catherine Millet ou un milliardaire de
l'Internet, et sa Demeure du chaos, un autre spécialiste et
sectateur, je crois, de l'orgie — sadomasochiste,
vraisemblablement.
Donc,
comme nous ne voulons pas faire rire les singes en question, ni avec
notre art, ni avec notre poésie, ni avec notre philosophie, nous
restons à vivre ce que nous avons à vivre, bien isolés du monde.
Ce qui nous convient parfaitement.
Ce
qui nous convient moins, c'est que les mécènes et les « phynances
» aillent toujours à la même clique… et que cela ne soit pas la
nôtre.
Comme
vous l'avez lu sur notre site, j'imagine, je suis mort en juillet
2010, et il m'a fallu quelques mois pour ressusciter. Avec, pour
toute séquelle, cette expérience du toujours possible arrêt brutal
de la lumière — pour ainsi dire. C'est ce qui a motivé, pour moi,
je crois, en partie, la création du site : pour être contagieux,
encore faut-il que vos écrits ou que vos œuvres — les miennes ou
celles d'Héloïse — soient à la disposition du public. Vous savez
tout maintenant : pourquoi notre site est un site de présentation,
et même pourquoi les commentaires sont fermés.
Comme
vous ne pouvez pas vous en rendre compte, sauf à la longueur de
cette lettre, j'ai retrouvé, aujourd'hui, mon « secrétaire
particulier » : un logiciel de dictée, en fait, qui transcrit dans
Word — tandis que je parle dans mon oreillette, bien
tranquillement, sous mon tilleul — tout ce que je lui dicte : le
genre de facilité avec laquelle une lettre se transforme aisément
en roman. Vous lui pardonnerez ses éventuelles fautes d'orthographe,
parce que j'avoue avoir du mal, même à la relecture, à les
détecter : mon esprit corrige et je ne vois rien, tandis que lorsque
j'écris — de façon illisible, même pour moi — à la main, ou,
très lentement, au clavier, eh bien, je suis meilleur que ce «
secrétaire particulier ».
Lorsque
j'avais 20 ans, nous rêvions de ce genre de « machines idylliques
», ainsi que nous les appelions : j'avoue que j'y ai pris goût, et
que j'ai écrit beaucoup de poèmes, comme cela, dans une sorte
d'état second, tout en parlant, les yeux fermés dans la douceur du
temps qui suit l'amour.
Vous
le voyez, votre mot m'a donné beaucoup de plaisir, et m'a beaucoup
inspiré.
Vous
m'excuserez d'avoir abusé de votre temps : vous picorerez cette
lettre au gré de vos humeurs.
[...]
R.C. Vaudey
2012
.
vendredi 7 mars 2014
De l'amour
![]() |
Sur
la plage du ciel
Acrylique
sur toile
1993
|
Prolégomènes
à un troisième millénaire sensualiste ou non
Nous
sommes, particulièrement dans les sociétés occidentalisées, dans
ce moment où est reprise par les masses la destruction des anciens
carcans de la morale bourgeoise et féodale — destruction
qu'avaient déjà effectuée les libertins à la fin du XVIIIe siècle
—, dans le moment de la reprise, sur une plus grande échelle,
planétaire, des activités de cette avant-garde, très élitiste et
numériquement limitée, des libertins d'il y a deux cents ans,
continuée par les artistes tout d'abord, dans tout le cours du XXe
siècle, et puis, de plus en plus, par les masses, depuis les
trente-cinq dernières années.
Ce
que cette époque comprend comme le plus avant-gardiste est donc bien
dépassé. Théoriquement.
Comme
toujours quelques générations font exactement ce que leur position
dans le monde et dans le mouvement du monde leur commande de faire,
et comme toujours elles le font très fièrement en croyant
improviser : mais leurs luttes sont réelles et leurs difficultés
aussi, même si le mouvement de dissolution de l'ordre ancien
implique la réussite de leur projet, dans un premier temps, avec les
réactions contraires, que nous voyons aussi, que cette réussite
implique tout aussi nécessairement.
Dans
les zones dites avancées de la société mondiale de l'Injouissance
beaucoup sont dans une phase plus ou moins violemment
perverse-polymorphe qui correspond bien à la chute de l'ordre
hétérosexuel monogame imposé qui avait accompagné, en Occident,
le monde de la morale et de la religion monothéiste — puis de la
religion scientiste — lui-même dernier mouvement de l'ère
patriarcale qui était elle-même depuis toujours le monde de la
nécessité, continuée.
Lorsque
tombe le masque de la fausse maturité sentimentale et sexuelle,
apparaît l'Homme inachevé qu'est l'injouissant,
l'Homme du patriarcat : l'enfant pervers polymorphe fixé, par la
souffrance, sur une ou plusieurs de ses pulsions pré-génitales ou
dans une pseudo-génitalité, phallique-narcissique, elle-même
utilisée à des fins auto-érotiques.
Dans
l'ère patriarcale, dans le monde de la nécessité et de la division
du travail, de la division sociale des tâches, dans le monde où
dominent soit la vision religieuse monothéiste, soit la vision
marchande, mécaniste-idéaliste, soit une combinaison des deux, les
relations entre les hommes et les femmes sont déterminées d'une
part par cette victoire — qui remonte à quelques milliers d'années
— des puissances du masculin sur le vieil ordre du féminin, la
victoire de ce qui aboutira à l'unique dieu patriarcal — avec son
double métaphysique — sur les vieilles divinités féminines, et,
d'autre part et consécutivement, par l'ordre marchand, scientiste,
ce dernier représentant l'élément de dissolution tant de la vision
métaphysique et religieuse monothéiste de l'Histoire que de l'ère
patriarcale qui la contient —, tout autant qu’il en est le
produit.
Dans
ce mouvement général de l'humanité les hommes et les femmes,
totalement enclanisés et soumis à ces forces, ne se sont encore
jamais rencontrés : seuls ceux qui sont libres, sortis de la vie de
famille et du monde, sans affaire, qui arrêtent l'Histoire à leur
porte pour lui faire rendre compte, peuvent se rencontrer. Au XIXe
siècle, Nietzsche, qui satisfaisait à ces critères, n'a rencontré
vraiment personne.
Cette
détermination absolue des rencontres entre les hommes et les femmes
par toutes ces forces coalisées, et le plus souvent inconscientes,
de la nécessité, de la religion, de la famille, de la reproduction
biologique de l'ordre familial ou social, de la marchandise et de sa
logique économiste s'autonomisant, ainsi que par les forces
produites par l'écroulement des valeurs religieuses et morales,
coercitives et imposées, et plus globalement encore par celles nées
de la vieille haine et de la vieille lutte entre les puissances et
les mythologies patriarcales et matriarcales toujours à l'œuvre
dans les esprits des vivants d'aujourd'hui — toutes forces
coalisées qui ont produit cette jobardise masculine brutale et cette
vieille duplicité féminine telles que le monde se plaît
constamment à nous les rappeler —, cette détermination absolue
par l’ensemble de ces forces donc, a rendu jusqu'à présent la
rencontre entre les hommes et les femmes impossible réellement. Par
leur rabougrissement et leur assujettissement.
De
sorte qu'il s'agit de réinventer, ou d’inventer, ce que l’on
croit si bien connaître et dont ceux qui sont vivants aujourd'hui
sont — encore en quasi-totalité — les produits, quand ils ne
s'en considèrent pas comme les victimes : la rencontre charnelle,
amoureuse de l’homme et de la femme.
Et
alors même que tous ces vivants d’aujourd'hui en sont, d’une
façon ou d’une autre, en très grande majorité, dégoûtés, et
bien que beaucoup ne sachent et ne puissent échapper à la spirale
infernale du préprogrammé qui les y attire irrésistiblement.
Il
n’y a, bien sûr, aucun autre danger menaçant l’espèce —
qu’il s’agisse des technologies du nucléaire, de la manipulation
du vivant, du clonage, ou de toute autre forme des résultats de la
connaissance — que cette haine que se vouent les hommes et les
femmes — aux uns et aux autres et à eux-mêmes —, et que leur
donne un monde où l’amour, la poésie et la délectation sensuelle
du monde leur a été et leur sera pour la plupart et la plupart du
temps refusés.
Aujourd’hui,
on le sait, les uns, enlevés en bas âge au contrôle de "leurs
parents, déjà leurs rivaux, n'écoutent plus du tout les opinions
informes de ces parents, sourient de leur échec flagrant”,
“méprisant non sans raison leur origine, et se sentant bien
davantage les fils du spectacle régnant que de ceux de ses
domestiques qui les ont par hasard engendré : ils se rêvent les
métis de ces nègres-là.” Ils savent que "derrière la
façade du ravissement simulée, dans ces couples comme entre eux et
leur progéniture, on n’échange que des regards de haine”. Et
cependant ils y vont quand même.
Pourtant
ce mépris et cette haine ils les connaissent bien pour les avoir
vécus dans les déchirements, qu'ils ont subi, de ceux qui, par
hasard et par toutes les nécessités que j'ai dites plus haut, les
avaient engendrés, ou pour les vivre ou les avoir vécus dans
leur(s) propre(s) couple(s).
Et
les autres — terrorisés par la violence du monde et celle que ce
monde a produite en eux —, ils tentent d'imposer à ce monde et à
eux-mêmes une chape de plomb morale et religieuse absolue qui puisse
les protéger de cette tentation de la violence, et trouvent dans
cette tentative furieuse l'occasion de libérer ce mal destructeur et
autodestructeur qui les ronge et qu'ils prétendent vouloir combattre
mais qui finalement vainc toujours les mal-heureux. Et le plus
souvent justement de cette façon-là. Dans la rage purificatrice.
Faire
l'éloge dans ces conditions de l'hétérosexualité flamboyante,
jouissante, illuminée et mystique, quand elle n'a jamais été et ne
peut être, dans la presque totalité des cas, que tout ce que j'ai
décrit précédemment, et alors qu’elle paraît ainsi
immédiatement responsable de toute la souffrance des unes et des
autres — bien que tant d'autres forces se soient appliquées et
s'appliquent à la reproduction de cette souffrance — faire cet
éloge-là dans ce moment particulier du monde et pour le public
d'aujourd'hui, composé en majorité des chiens de guerre, plus ou
moins bien dressés, plus ou moins féroces, du Spectacle mondial et
de ses multiples factions rivales — économiques, religieuses,
ethniques, politiques etc... — et, pour le reste, de ses victimes,
semble une tâche inutile.
Il
faut donc considérer que les poètes font ce qu'ils ont à faire et
qui s'impose à eux, spontanément, sans aucune considération pour
aucun public, et que, plus généralement, une avant-garde n'a pas à
s'intéresser, pour les approuver ou les critiquer, aux modes
superficielles qui s'agitent, selon la nécessité, à la surface du
temps pseudo-cyclique contemplé.
Par
exemple, les sensualistes n'ont pas à critiquer ou à approuver
l'époque qui joue au libertin, tel qu’on pouvait l’entendre il y
a deux cents ans, et même s'ils connaissent les dangers qui, in
fine,
guettent cette figure maintenant dépassée du libertin, et qui sont
ceux de la destruction et de l'autodestruction déchaînées. Ceux de
la barbarie. Les sensualistes éclairent le mouvement du temps.
Ils
n'apportent aucun "Tu dois" : il faut suivre sa pente et
puis son caractère : si l'on aime boire, il faut se soûler, si l'on
aime les psychotropes, il faut en abuser, si on a l’âme d’un
chien, il faut suivre son maître, si l'on aime la guerre, il faut
aller se battre, si l’on aime la débauche, il faut s'y livrer,
mais si on aime la médecine, il faut l'exercer. Et si l'on comprend
l'histoire comme nous la comprenons, il faut aller, sur sa scène, y
jouer.
Bien
sûr les sensualistes savent, parce que Breton l'avait déjà fait
remarquer, que la question de l’amour est celle qui détermine
toutes les fâcheries.
Ils
se moquent parfaitement d'influencer qui que ce soit parmi ceux dont
les goûts sont déjà formés et que les existences qu’ils ont
acceptées renforcent encore.
Ils
interviennent dans le cours du temps, pour ce qui vient, et, pour le
reste, ils souhaitent seulement connaître toujours ce qu'ils aiment
tant.
Ils
lancent seulement le disque brillant de leur expérience dans le
mouvement du temps : s'il éclaire ce mouvement, tant mieux ; mais si
eux-mêmes devaient rester une simple exception, ils sont
parfaitement heureux d'être cette exception.
Les
Libertins-Idylliques ne souhaitent pas non plus être leur propre “Tu
dois” : ce qu’ils sont et ce qu’ils soutiennent leur vient de
leur vie ; c’est tout. Contrairement à d’autres qui soutiennent
des idées ou des systèmes de pensée qui en fait leur servent de
tuteurs, et qui donc, en fait, les soutiennent, eux, ce qu’ils
déploient théoriquement ou poétiquement n’est que la traduction
— sous ces formes de l’art et de la théorie — de leur propre
déploiement. Certains parmi les Libertins-Idylliques ont d'abord été
des libertins : aucun n’exclut de devoir — par usure, par
nécessité, par goût — le redevenir. D'autres, pour avoir fait le
tour de l'enfer, connaissent tout ce qu'il peut receler.
Surfant
une vague neuve et puissante, ils savent seulement qu'à ce qu'on en
dit, on surfe éternellement.
Cela
dit pour ceux que l’usure et la misère mèneraient simplement à
attendre les sensualistes au tournant : il n’y en aura pas.
Le
bien est déjà fait.
Ce
qui importe avec les chercheurs d’or c'est, au-delà de leur destin
personnel, l’or et les mines qu’ils ont trouvés...
Et
les bonnes cartes qu’ils laissent.
R.C.
Vaudey
Avant-garde
sensualiste 1
Juillet/Décembre
2003
mardi 4 mars 2014
Antésades
Cher ami,
…
J'ai
trouvé par hasard le livre en question (que je n'avais jamais lu),
la semaine dernière, d'occasion, bien sûr, mais comme neuf — et
au prix du neuf. Tu devrais le trouver sur Internet, — sinon je
t'enverrai le texte original des quelques
phrases que j'ai détournées.
Comme
tu l'as remarqué, dans mon billet précédent la phrase de
Lautréamont qui sert habituellement d'introduction est tronquée. Il
n'y avait pas à corriger une idée fausse et à la remplacer par une
idée juste — puisque tout me paraît très juste et très poétique
dans cet ouvrage, hors le pessimisme philosophique de son auteur,
pessimisme philosophique que je ne partage pas – mais on sait bien
que je ne suis pas un idéaliste — : dans ce cas, il s'agit donc
d'un véritable détournement de la lumière que font ces quelques
phrases sur ce que, pour ma part et histoire d'accentuer encore le
parallèle, j'appellerais le surf contemplatif — élégant
vers ce que je nomme l'amour contemplatif — galant
Que
l'époque puisse plus facilement supporter l'idée d'un surf
contemplatif — élégant (quoique l'idéologie de la
« compétitivité » de l'industrie de masse des « sports
de glisse », les loueurs de brèles des mers pour brèles tout
court, les partisans des aménagements côtiers pour croisières, et
le reste, que je ne nomme pas, l'aient, il me semble, réduit au rang
de curiosité plus ou moins folklorique), que l'époque supporte plus
facilement l'idée d'un surf contemplatif — élégant, donc, plutôt
que celle de l'amour contemplatif — galant ne m'étonne pas. La
note, dans mon billet précédent, explique pourquoi il en est ainsi.
Dans
le monde d'avant, cette note a pu servir (comme elle pourra servir
dans le monde d'après) à diagnostiquer ce qui fait que la grâce et
l'extase échappent toujours, et qu'à la place de l'amour
contemplatif — galant on se retrouve malheureusement et seulement
dans l'amour physique — qui, on le sait, est sans issue.
Elle
a pu servir, comme elle pourra servir, à diagnostiquer, à
comprendre et à dépasser des violences, des souffrances, des
fixations, comme on analyse et on corrige des raideurs et le défaut
d'une position ou d'un mouvement : pour aller vers l'assurance,
l'abandon, la fluidité, l'harmonie, l'extase, et, finalement, le
sentiment océanique.
Mais,
pour l'instant, elle ne sert à rien : l'injouissant
contemporain, à défaut de mieux, se fait une fierté de ses
pesantes et disgracieuses misères névrotiques.
Je
te joins, et je mettrai en ligne, ce poème de mai dernier, lorsqu'il
pleuvait tant mais qu'il faisait si beau dans nos cœurs, ici ; du
coup, il prend une tonalité particulière.
Le
4 mars 2014
ANTÉSADES
Dans le soleil et le crachin de ce soir
De
printemps
On
bénit ce si beau temps maussade
Grâce
auquel
— Fin
mai… —
Alanguis
sur le lit
On
a la vie si belle
Loin
des fans et des greluches
En
regardant
— Après
avoir fait les Antésades… —
Flamber
Dans
la cheminée…
Les
énormes bûches
Dans un flash-back il me revient :
À peine mouillé
À se couler
À en être ainsi joués
Et de fait
Au réveil
Dans un flash-back il me revient :
À peine mouillé
À se couler
À en être ainsi joués
Et de fait
Au réveil
Journal d'un Libertin-Idyllique (Illuminescences) 2013
On
s’en va au Sri-Lanka
Tant
les Français
Et
leur pauvre gigue
Nous
fatiguent
Entre
artistes néo-sadiens
— Garantis
par le Marché ou par l’État —
Et
animateurs culturels
Qui
pérorent ou qui gémissent
En
bleu
En
vert
En
rose
Ou
en noir
— Et
leurs ouailles
Qui
bêlent
Transies
d’amour ou enragées —
Qui
nous donnent envie de rire
Et
d’aller surfer…
À
Ceylan
Ou
à Hawaii…
Et
d’y transporter notre belle avant-garde
Dans un flash-back il me revient :
En
attendant les vagues à 28 degrés
On
rit beaucoup et aussi on se regarde
Les
yeux dans les yeux
En
amants heureux
Et
sans même que nous l’ayons vraiment décidé
On
se retrouve à ondoyer
Tous
les deux
Dans
la Beauté à 37,2
Sa
houle et ses ondes
Qui
peu à peu nous inondent
À peine mouillé
J’entame
déjà un duck-dive
Qui
me plonge dans un océan de volupté
Où
vous m’attendiez
Pour
le banquet de nos accordailles
Et
je vous sur-prends
— Enfin,
je m’entends —
Mais
c’est ce que vous désiriez…
À se couler
Toujours
plus loin
Dans
vos courants
Étroits
et denses
Et
à surfer en volupté
Vos
vagues amples et majestueuses
On
se sent comme un vrai dieu
Puissant
et généreux
Et
comme la vague même du monde
Immense
Tendre
Bienheureuse
Bref,
comme la munificence suprême…
— Tant
on s’aime… —
Ah! Ouvrir vos vagues et s’y glisser…
Ah! Ouvrir vos vagues et s’y glisser…
Puis
les sentir comme un merveilleux ressac
Qui
remonte sans cesse
En
succion annelée
Dans
un impétueux mouvement
Paradisiaque
Lent
Ou
effréné
Qui
fait de vous la Déesse
D’un
monde de pure volupté…
À en être ainsi joués
On
se déploie
Édéniques
Au
cœur de la pulsation océanique
Où
l’on pourrait toujours baigner
Si
ce n’était
Cette
montée
Despotique
Quoique
longtemps
Voluptueusement
Retardée
D’un
raz de marée de jouissance
Qui
s’annonce inégalé
Et de fait
On
glisse d’abord longtemps sur sa crête
Et
puis on plonge
Éperdument
Dans
le cœur même
De
cette divine tempête
Qui
toujours s’allonge…
Et
puis on crie de joie…
En
jouissant comme des rois…
— Jusqu’à
ce que
Définitivement
alanguie sur la berge
Vous
ne souhaitiez plus ma verge
Au réveil
On
jouit d’autres flammes
On
rit
Dans
la jeunesse océanique
Dans
le soleil et le crachin de ce soir
De
printemps
Et
on bénit ce si beau temps
Maussade
Grâce
auquel
— Fin
mai… —
Alanguis
sur le lit
On
a la vie si belle
Loin
des fans et des greluches
En
regardant
— Après
avoir fait les Antésades… —
Flamber
Dans
la cheminée…
Les
énormes bûches
On
s’en va au Sri-Lanka
Tant
les Français
Et
leur pauvre gigue
Nous
fatiguent
Entre
artistes néo-sadiens
— Garantis
par le Marché ou par l’État —
Et
animateurs culturels
Qui
pérorent ou qui gémissent
En
bleu
En
vert
En
rose
Ou
en noir
— Et
leurs ouailles
Qui
bêlent
Transies
d’amour ou enragées —
Qui
nous donnent envie de rire
Et
d’aller surfer…
À
Ceylan
Ou
à Hawaii…
Et
d’y transporter notre belle avant-garde
Dans un flash-back il me revient :
En
attendant les vagues à 28 degrés
On
rit beaucoup et aussi on se regarde
Les
yeux dans les yeux
En
amants heureux
Et
sans même que nous l’ayons vraiment décidé
On
se retrouve à ondoyer
Tous
les deux
Dans
la Beauté à 37,2
Sa
houle et ses ondes
Qui
peu à peu nous inondent
À peine mouillé
J’entame
déjà un duck-dive
Qui
me plonge dans un océan de volupté
Où
vous m’attendiez
Pour
le banquet de nos accordailles
Et
je vous sur-prends
— Enfin,
je m’entends —
Mais
c’est ce que vous désiriez…
À se couler
Toujours
plus loin
Dans
vos courants
Étroits
et denses
Et
à surfer en volupté
Vos
vagues amples et majestueuses
On
se sent comme un vrai dieu
Puissant
et généreux
Et
comme la vague même du monde
Immense
Tendre
Bienheureuse
Bref,
comme la munificence suprême…
— Tant
on s’aime… —
Ah! Ouvrir vos vagues et s’y glisser…
Ah! Ouvrir vos vagues et s’y glisser…
Puis
les sentir comme un merveilleux ressac
Qui
remonte sans cesse
En
succion annelée
Dans
un impétueux mouvement
Paradisiaque
Lent
Ou
effréné
Qui
fait de vous la Déesse
D’un
monde de pure volupté…
À en être ainsi joués
On
se déploie
Édéniques
Au
cœur de la pulsation océanique
Où
l’on pourrait toujours baigner
Si
ce n’était
Cette
montée
Despotique
Quoique
longtemps
Voluptueusement
Retardée
D’un
raz de marée de jouissance
Qui
s’annonce inégalé
Et de fait
On
glisse d’abord longtemps sur sa crête
Et
puis on plonge
Éperdument
Dans
le cœur même
De
cette divine tempête
Qui
toujours s’allonge…
Et
puis on crie de joie…
En
jouissant comme des rois…
— Jusqu’à
ce que
Définitivement
alanguie sur la berge
Vous
ne souhaitiez plus ma verge
Au réveil
On
jouit d’autres flammes
On
rit
Dans
la jeunesse océanique
Dans
le soleil et le crachin de ce soir
De
printemps
Et
on bénit ce si beau temps
Maussade
Grâce
auquel
— Fin
mai… —
Alanguis
sur le lit
On
a la vie si belle
Loin
des fans et des greluches
En
regardant
— Après
avoir fait les Antésades… —
Flamber
Dans
la cheminée…
Les
énormes bûches
Le
29 mai 2013
Journal d'un Libertin-Idyllique (Illuminescences) 2013
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