R.C. Vaudey. Poésies III
L’HOMME PASSIONNÉ
C’est
la marque de la plus grande sublimité d’esprit que de pouvoir
l’être, puisque c’est par là que l’homme se met au-dessus de
tous les vulgaires. Il n’y a point de plus grande seigneurie que
celle qui peut s’abandonner sans crainte à la passion. C’est là
que se montre le triomphe de la grande souveraineté ; sur
soi-même et sur la possession de sa vie.
Si
jamais on ne peut s’abandonner à sa passion c’est, à l’inverse,
soit parce qu’on la craint, en devinant son côté mauvais —
auquel, raisonnablement, l’on ne veut céder — ; soit parce
qu’elle ferait tort à son emploi, surtout si c’en est un
considérable.
Dans
le deux cas, c’est la marque de l’assujettissement : à un
fond mauvais, ou à un emploi servile du temps.
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