Si
les Sensualistes parlent si bien de la barbarie du temps — barbarie
qui touche évidemment à la question de l'amour —, c’est pour
insister sur ce point que c'est de la critique et du dépassement
de la Séparation, et particulièrement de celle qui règne entre
les hommes et les femmes, que se dégagera le levier qui renversera
le sens du monde, que c’est de cette poésie encore neuve, contre
toute apparence, que naîtra la seule reconstruction possible du
monde qui les intéresse.
Certains,
qui se réfèrent à des formes anciennes de la poésie amoureuse —
certaines marquées par des survivances du matriarcat, d'autres par
les formes les plus délicates qu’avait pu prendre l'amour dans les
civilisations patriarcales auxquelles habituellement on se réfère —,
leur ont reproché, les uns, de citer les Courtois, semblant ainsi
cautionner le platonisme qui les inspirait, et d’autres — et
parce qu’ils ont également parlé du Tantra, puisqu’ils y
retrouvent un même goût mystique de l'amour — ont voulu leur
opposer les pratiques particulières de l'approche tantrique de la
jouissance.
En ce
qui concerne le Tantra, il se trouve qu'un au moins parmi les
Sensualistes, sur les plages de l'Océan indien, il y a longtemps, a
souvent croisé ces sādhu, eux aussi “hors du monde”, adeptes
du Tantra, et qu'il a assez souvent partagé avec eux et en leur
compagnie leur goût mystique et immodéré pour l'ivresse
haschischine rituelle (tout s’explique donc...) que leur donnait
l'herbe, dorée et collante, du Kerala, fumée, shilom après shilom,
sur ces mêmes plages, face à l'Océan indien.
Il
sait comme beaucoup, pour l'avoir vécue, que cette ivresse
haschischine produit chez l'Homme mâle — à elle seule et sans
aucun apprentissage “technique” — cette jouissance
multi-orgastique dont parle le Tantra, en montée par paliers
successifs, par orgasmes successifs et sans éjaculation, en
montée sans but — ce qui est un point en commun, et essentiel,
avec le style du bel amour —, montée hallucinée où tant de choses
extraordinaires se produisent, et dans laquelle peuvent aussi bien
s'ouvrir tous les “chakras” du monde (et tout ce qu'on voudra...), et la semence s'en aller où elle
veut à l'intérieur du corps pour y éblouir encore davantage ce qui
est déjà tellement illuminé.
Aujourd'hui,
avec les autres Sensualistes, il préfère à cette forme
particulière de la jouissance, la jouissance abandonnée, tendre et
lucide, inattendue, en comme-un — et hors l’ivresse qui
finalement sépare — que justement les Sensualistes célèbrent.
Les
Sensualistes cependant veulent bien admettre que l’on trouve
peut-être en Inde des sādhu et des adeptes du Tantra qui ne
fument pas ou qui ne boivent pas de bhang, mais vraisemblablement
dans la même proportion que l'on trouve, par exemple en Bourgogne,
des moines qui ne boivent pas de vin. Il ne leur semble pas sérieux
de séparer le monde des sādhu de l’ivresse haschischine qui
imprègne tellement leur univers religieux, et, aussi, avec celle de
l’opium, tout l’Orient et l’Extrême-Orient. Black Bombay.
Pour
ce qui est des adeptes du Tantra, et bien qu'ils puissent admettre
qu'on puisse le pratiquer en étant en quelque sorte “sobre”,
ils pensent qu'il est aussi peu dissociable de cette ivresse
haschischine rituelle que la débauche libertine l'est de l'ivresse
alcoolique.
Les
Sensualistes, pour connaître et l'une et l'autre, disent leur préférer
la rencontre lucide et sentimentale, et abandonnée.
Idyllique.
Et les aventures de la liberté qui autorisent et
renforcent cette forme exaltante, paisible et créatrice de la
rencontre.
Ils
n’oublient jamais ce que Nietzsche disait à propos des “régimes”
et de la médecine, qui se demandait qui raconterait l’histoire des
stupéfiants parmi lesquels il comptait — devançant la critique
du Spectacle — le théâtre et la (mauvaise) musique compris comme
un haschich et un bétel européens.
Il
y a au moins deux sciences des substances, des molécules et des
situations. L’une, dite du “divertissement”, vise à
organiser, à réunir ce qui est séparé, absent, stupéfié, mort,
et qui doit le rester, l’autre, dite de “l’Homme-vrai”, qui
magnifie au contraire la présence, la rencontre, la critique en acte
de la Séparation et donc le Je.
Dans
cette optique du “penseur-médecin”, les Sensualistes sont en
quelque sorte, à leur manière, des “french doctors”.
Dans
cette même optique, et selon eux, les techniques taoïstes et
tantriques ont l'immense avantage d'exalter la pure jouissance, la
pure délectation de la jouissance des sens et de l'existence,
indifféremment, de rendre à l'amour charnel cette gratuité et ce
jeu avec La pure délectation du Temps, pour reprendre le
titre d'une belle installation d'H. Angilbert, de l'humaniser
en le divinisant, et réciproquement, de le désinstrumentaliser
en quelque sorte, puisque chez le pré-humain contemporain à
tendance primate-primitif accentuée, il est toujours utilisé à une
fin ou une autre : la reproduction, le défoulement, le rassurement,
le soulagement d'une misère quelconque, l'échange de bons ou de
mauvais procédés etc.
Mais
dans une optique historique, les Sensualistes reprochent à ces
techniques d'appartenir à des systèmes clos, anciens et marqués
par l’état précédent des relations entre les hommes et les
femmes, à des visions du monde achevées, alors qu'ils croient, eux,
à la multiplicité possible des peintures du monde, toutes plus
inattendues, toutes plus artistement belles, harmonieusement
disposées et favorables au déploiement du vivant les unes que les
autres, et qu'ils voient là, dans la création de la peinture du
monde, le jeu supérieur de l'Homme ; ils préfèrent la
création, et le jeu avec la création, à la contemplation de ce qui
serait une fois pour toutes donné.
De
ces techniques taoïstes et tantriques enfin, ils connaissent les
possibles dérives pour ainsi dire “fakiristes” et le risque
qu'elles présentent d’être utilisées pour le contrôle extrême
(le Taoïsme et sa recherche de la longévité…) alors qu'eux-mêmes
célèbrent le lâcher-prise et l'abandon enamourés à la
puissante vague orgastique extasiante comme étant le prochain moment
de la rencontre amoureuse. Comme l’esprit du prochain
mouvement de la rencontre amoureuse.
Adeptes
de rien ni de personne sauf d’eux-mêmes, les Sensualistes ne
veulent pas connaître toutes les belles étoffes poético-théoriques
que les hommes, dans leur histoire infinie, jetteront sur le monde :
ils espèrent seulement qu'elles seront tissées de la beauté de
leur vie.
De
sorte qu'aucune vision du monde, passée ou présente, occidentale,
orientale, extrême-orientale etc. ne leur convient et ne peut leur
convenir puisque dans l'esprit ils ne cherchent pas la consolation,
le repos ou la réponse à des angoisses mais le jeu de leur
création souveraine, l’expression de leur jouissance puissante
et paisible de la vie et du monde.
Ils
ne cherchent pas un vieux manteau idéologique pour se rassurer et se
protéger du monde et pour se réchauffer : ils veulent éclairer le
monde, ils aiment créer le monde à partir du déploiement de
leur puissance ou de la sensation éthérée de la beauté du monde
qu’ils ressentent ; et qu'importe dans ces conditions le plus beau
des manteaux idéologiques de quelque passé et de quelque culture
que ce soit si ce n'est pas le leur.
Comprenez
cela.
La
plupart passent leur temps dans les bottes des autres. Et comme
l’instinct de troupeau sévit partout, il y a beaucoup d’adeptes,
et peu de joueurs.
Pour
les Sensualistes, seuls importent le mouvement de la vie, l'expansion
du vivant. Ils savent que la beauté et la puissance de ces voiles
chatoyants de la compréhension du monde, des voiles chatoyants des
discours sur le monde, dépendront de la beauté et de la puissance
de ceux qui les tisseront, de la beauté et de la puissance de leurs
existences et que, dialectiquement, ils ne seront beaux et puissants
que dans la mesure où ils rendront cette jouissance du monde
possible.
Pour
les Sensualistes, la Vérité, comme la Beauté, n’est qu’une
promesse de bonheur. Rien n’est vrai que cela.
Dans
le mouvement qui vient les puissances préexistantes des anciens
systèmes de valeurs qui s'affrontent vont probablement se combiner
d'une façon ou d'une autre. Une longue route de temps historique et
de bouleversements historiques, idéologiques, pratiques, s'ouvre
devant un redéploiement d'une nouvelle peinture grandiose et
sensuelle de l'Homme et de l'univers.
Ceux
qui s'attachent à des systèmes déjà existants ne peuvent imaginer
l'infinie créativité humaine quant aux visions du monde, pas plus
qu'ils ne peuvent concevoir la plasticité de l'auto-création
humaine, et ils ne comprennent pas non plus que là est la beauté,
la grandeur, le style, l’art véritable de l’Homme.
Et
puisqu'ils ont déjà tout compris, satisfaits par quelque vieux
tableau du monde qui leur convient et les rassure, rien de ce qui
vient ne les intéresse vraiment.
Ils
n’aiment ni créer ni peindre : ils préfèrent commenter, se
spécialiser dans le commentaire : ici la fatigue et la morbidité se
donnent l'apparence de la connaissance.
Créer,
dans et au travers de la jouissance, de nouvelles peintures du monde,
les situations et l’esprit d’un temps qui renforceront —
sensiblement et supra-sensiblement — encore cette jouissance,
voilà, selon les Sensualistes, l’activité supérieure de l’Homme.
Pour en
revenir au tableau, donc, il faut aborder également la question des
techniques ; mais il faut bien entendu insister sur le fait que la
question essentielle ne porte pas sur les techniques de l'amour ni
sur les euphorisants ou sur les calmants ni sur aucune autre forme —
de la chimie moderne ou de l’ancienne pharmacopée — de ce qui
est favorable à l’amour : à nous lire, on aura bien compris que
pour nous tout ce qui est bon pour l’amour est bon, et inversement.
On aura
compris aussi que sur cette question de la jouissance amoureuse nous
sommes plus reichiens qu’adeptes du Tantra ou des techniques
taoïstes.
La
question de la fonction de l'orgasme est effectivement
centrale.
La
question de la terreur qu'inspire la jouissance, l'abandon
orgastique véritable, est également centrale : elle est celle du
vivant qui dans le mouvement de l’histoire patriarcale — donc de
l’assujettissement, de l’enrégimentement et de la castration —
a été d’abord contracté par la fureur du monde et s’est
cuirassé, et qui, ensuite, ne peut s’abandonner à la puissance
agissante, débordante du monde telle qu’elle s'exprime
souverainement dans la jouissance amoureuse ; la question de
l’abandon à la pulsation du vivant, du puissant sensualisme
princeps, à ce niveau de beauté et d’amplitude de la
jouissance aimante est effectivement centrale : elle est centrale
puisque cette pulsation du vivant, cette ondulation puissante et
souple, ce péristaltisme divin et originel est le cœur même du
monde : cette pulsation du vivant est ce battement de chaque alvéole
pulmonaire de celui ou de celle qui lit ces lignes, qui aspire
l'univers qui n'est que ce même battement, partout et à l'infini…
dans lequel cette pulsation, qu’il est, jamais ne se perd et
toujours et partout se transforme, éternellement ; elle est
dans l'expansion et la contraction, rythmée,
puissante, continue de tout l'immensément ramifié réseau
sanguin qui irrigue son corps ; elle est dans celle de chacune des
cellules palpitantes de son corps, de ses nerfs, de son cerveau, de
ses yeux, qui parcourent ces lignes ; elle est sa respiration souple,
ample, puissante, aisée, énergisante, nourricière — lorsque le
monde le permet — ; elle est le fil d'Ariane qui permet de
comprendre, de sentir, sensitivement, sensuellement, pourquoi et
comment il faut recréer le monde, afin que l’Homme puisse y
jouir, de ce souffle puissant et entier, nourricier et mêlé au
monde, et, dans l’amour, de l’extase aimante, immense, tendre,
enveloppante, abandonnée à cette même pulsation émouvante, à cet
abandon puissant et aisé au rythme du monde.
La
jouissance amoureuse c'est la vie qui jouit, c'est l’univers qui
jouit.
Et
l'on doit recréer le monde pour que les vivants puissent y jouir
continûment, d’abord et au moins, de leur souffle, ensuite
de toutes les merveilles de tous les arts et, enfin, dans
l’embrasement charnel, de leur force et de la volupté d'exister
dans toute leur splendeur.
Recréer
le monde pour que les vivants puissent y respirer et y jouir ; sans
entraves, amplement.
La
jouissance du souffle, de la beauté et de la puissance et, d’un
même mouvement, le souffle, la beauté et la puissance de la
jouissance : voilà ce qui doit redessiner le monde.
La
question de savoir si les jeux et les techniques amoureux sont une
défense contre la peur de l'abandon physique, émotionnel,
sentimental, puissant, poétique à la vague orgastique ou de
véritables jeux avec la jouissance, est une question personnelle à
laquelle chacun doit donner et trouver ses propres réponses. Mais
cette question de l'abandon à la longue catalepsie de l'amour
pour parler comme La Mettrie ou au clonus orgastique véritable
— pour le dire, cliniquement, comme Wilhelm Reich — puissant,
tendre, abandonné, est centrale : comme l'est celle de la rencontre
entre les hommes et les femmes.
Nous
avons assez dit que pour nous, tout — dans l'histoire
collective des femmes et des hommes au sortir de cette préhistoire
patriarcale-esclavagiste-marchande — s'oppose à cette rencontre
; et pour ce qui est de l'histoire individuelle chacun peut très
bien sentir ce qui également s'y oppose. Il lui suffit de repenser à
son enfance et à sa vie amoureuse ensuite.
Les
Sensualistes n'entendent pas déterminer si les techniques taoïstes
ou tantriques sont des jeux avec la jouissance ou des défenses
contre la jouissance. Chacun sait cela pour lui-même en fonction des
rencontres et des moments de sa vie. En tant que tels, ces jeux et
ces techniques appartiennent à une période donnée de l'Histoire,
l’ère patriarcale, marquée par un certain type de relations entre
les hommes et les femmes et par une certaine conscience du monde ;
que le Tantra trouve ses racines dans les pratiques “religieuses”
pré-aryennes liées à la civilisation dravidienne de l'Indus qui
vénérait la Déesse-mère, qu’il soit une survivance de ce temps
du matriarcat à l'intérieur même du patriarcat, et qu’il soit
ainsi lié au culte, qui remonte aux temps les plus lointains, de la
“Grande-Ancêtre” importe peu, pas plus qu’importe la vieille
lutte que ces deux-là, patriarcat et matriarcat, ont toujours menée
et la sourde résistance, sous telle ou telle forme, à travers
l’Histoire, de l'univers matriarcal, puisque seule nous intéresse
la beauté neuve de ce qui vient.
Quel
que soit le sens que chacun pourra donner à ces éléments du passé,
il est certain qu'une nouvelle période de l'Histoire, et donc aussi
une nouvelle période de la rencontre amoureuse verra s'établir
également, et pour la première fois, un rapport amoureux totalement
neuf mais où tout le meilleur du monde ancien, qu’on le veuille ou
non, viendra se mêler. Au moins dans un premier mouvement.
Les
Sensualistes ne veulent rien sauvegarder du passé — et le
voudraient-ils qu’ils ne le pourraient — mais recréer le monde,
magnifiquement, dans le mouvement de sa recombinaison planétaire.
S’ils
trouvent, dans l’inspiration neuve et dans la rencontre de tout ce
qui est, la poésie de l’avenir, une chose paraît cependant avérée
: la poésie issue du Tantra et celle issue du taoïsme chantent un
monde de sensations et d’illuminations proche de celui qu’ils
célèbrent.
Mais
plus essentielle que la question des techniques et même que la
question de l’esprit des techniques ou encore que celle des “vins
herbés”, modernes ou anciens, et des jeux, sont celles du
déploiement historique possible de l’individu ainsi que celles de
l’aventure, de la liberté, de la confiance, de l'abandon, de la
possibilité historique de l’aventure, de la liberté, de la
confiance et de l'abandon, tant au niveau de l'histoire des Hommes
collectivement, qu’au niveau de l'histoire individuelle. Si l'on
admet que pour ce qui est du déploiement historique possible de
l’individu et donc, consécutivement, pour ce qui est de la
rencontre entre les hommes et les femmes, l'on n'a encore rien vu, si
l'on admet ainsi que celui qui sera au-delà de l'humain tel
qu'on l'entend aujourd'hui, si l’on admet, dis-je, que celles et
ceux qui viendront ne seront pas nécessairement stigmatisés par ces
traits caractériels, comportementaux plus ou moins névrotiques et
maladifs que l'on observe et que l'on connaît aux hommes et aux
femmes d'aujourd'hui et à ceux qui les ont engendrés, si l'on admet
donc que l'Homme d'aujourd'hui n'est qu'un “pont jeté vers
l'avenir”, et si l'on veut bien accepter que cet avenir ne soit
pas déjà dessiné par une sorte de nouvelle malédiction
métaphysique ou religieuse — la métaphysique serait-elle ici
scientiste et la religion “Economie” — donc déjà façonné
par la misère des caractères féminins ou masculins tels que nous
les connaissons et tels qu’ils seraient condamnés à être de
toute éternité, alors on se trouve déjà dans une considération
juste du mouvement du monde : celle qui comprend l'Homme comme le
joueur divin qui doit recréer, façonner le monde et les
situations à la hauteur de son souffle divin, de sa potentielle
beauté.
A
travers l’Homme le souffle du monde cherche ses aises, cherche à
se créer les conditions d’un apogée aisé.
Pour
le reste les Libertins-Idylliques soutiennent, puisque l'Avant-garde
sensualiste est aussi cela, l'organisation de nouvelles Cours d'amour
où toutes et tous pourraient venir, selon leur goût, sinon débattre
de ces questions de l'amour et de la jouissance, au moins y déployer
les trésors poétiques qu’ils y découvrent.
Craignant
cependant que la dureté du temps qui vient, tout occupé qu’il est
par la destruction et la terreur de masse, liées au “combat pour
la souveraineté planétaire”, livré lui-même “au nom de
doctrines fondamentales philosophiques”, ne s’y prête guère,
les Libertins-Idylliques se souhaitent déjà à eux-mêmes, comme
ils le souhaitent aux autres que ces questions intéressent, de
pouvoir, au travers de ces désastres prévisibles, jouer le jeu de
la vie et de l’amour tel que les uns et les autres l'entendent, et
tel qu'ils l'entendent eux-mêmes.
R.C. Vaudey. Juin
2003
In
Avant-garde Sensualiste I / juillet/décembre 2003
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