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François
Boucher
Un
automne pastoral
1749
|
Le treize septembre de l'an deux mil quinze restera
— À
jamais —
Gravé
dans mon esprit
Comme le jour où vous m'avez dit :
« Cette
fois, c'est décidé :
Je
vous aime… »
… Tout
un poème…
Il m'aura fallu attendre vingt-trois ans et deux mois
Pour
entendre ça
— Que
pour un peu je n'entendais pas
Puisqu'hier
nous avons failli
— Enfin,
moi… —
Mourir
du plus exorbitant plaisir qui soit
Dans
la plus extrême des joies
Mon cœur
— Dans
et après cette merveilleuse éclampsie
– Menée
dans la
plus
déliée des
harmonies
—
Battant
à tout rompre…
Mon
esprit
— Comme
un noyé qui revoit sa vie —
Sentant
que mes jouissances d'antan
— Jusqu’à
celle-là —
N'avaient
été
— Pour
ainsi dire —
Que
du pipi de chat
Faut-il
donc vivre jusque là
Pour
savoir enfin
Ce
que aimer et jouir veulent dire !
Pourtant
À
quelques jours de là
J'avais
cru que vous m'aviez moqué
— Ce
qui m'aurait blessé —
Après
que j'eus satisfait
Une
belle petite poulette bien potelée…
Et
— Pour
que les choses soient claires —
Je
me dois d'expliquer
Que
la pauvre enfant
Ayant
— Il
y a quelques années —
Perdu
son amant
— Qui nous les brisait menues —
A
depuis sur moi
— Dont
elle doit sentir la mâle
aura
—
Jeté
son dévolu
De
sorte que lorsqu'elle me voit
— Et
que l'envie lui en prend… —
Elle
s'aplatit par terre
En
levant son petit derrière
Attendant
bien immobile que je la satisfasse
Ce
que je fais bien volontiers
En
appuyant tout simplement ma main sur son petit corps
— Ce
qui est un moindre effort
Pour
que ce grand bien je lui fasse —
Après
quoi elle s'ébroue de joie
Et
repart en chantant
À
travers prés et champs…
(On aura assez deviné
— J'espère
—
Que
je parle d'« une » gallinacé…
Mais
dont la malheureuse histoire est vraie…)
Or donc
Comme
nous avions fini ce jour-là de déjeuner
La
petite poule
— Une
nouvelle fois —
S'est
approchée de moi
Recommençant
son petit manège
À peine l'eus-je bien enchantée
En
lui caressant le dos
Qu'elle
partit
En
secouant ses plumes
Manifestant
son contentement
Par
de bruyants caquètements
Qui
n'en finissaient pas
Comme
à la fin je m'en impatientais
L'enjoignant
d'aller caqueter ailleurs
Vous
m'avez dit d'un air railleur :
« Vous
ne devriez pas la brusquer…
Ni
vous moquer de cette petite poulette…
Peut-être vous aime-t-elle et vous déclame-t-elle des poèmes
Mais
qui ne vous plaisent pas car ils sont ampoulés »
J'ai
d'abord cru que vous faisiez un rapprochement
Avec
ceux qu'après l'amour je vous écris
Et
comme je m'en offusquais
Vous
avez ri
Et
puis vous avez répété
Bien
distinctement…
«
En poulet ! »
Que dire ?
Sinon
que cela nous a fait mourir de rire…
Poème
pour poème
Je
préfère celui que j'ai fini
Par
vous arracher aujourd'hui
Tandis
que vous êtes par l'amour
Toute
retournée :
« Cette
fois, c'est décidé :
Je
vous aime… »
Je
vais en rêver
Et
j'en rêverai
— C'est
net—
Tous
les jours
Jusqu'à
ce que je quitte cette planète…
Dont
grâce vous, mon amour,
Je
me souviendrai…
Pour
toujours
Le
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