Poésies
III
Les idées s'améliorent. Le sens des mots y participe. Le plagiat est nécessaire. Le progrès l'implique. Il serre de près la phrase d'un auteur, se sert de ses expressions, efface une idée fausse, la remplace par l'idée juste.
La
cuirasse caractérielle et la névrose font tout, jusqu’en amour.
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Il
y a peu d’amours gracieuses, il y en a beaucoup de grossières.
Cela a toujours été ainsi ; les hommes et les femmes se
piquent rarement d’être aimables mais plutôt d’être
indifférents : c’est la mode, qui procède — et tente de
prévenir — des déceptions.
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Le
particulier du moment c’est que la raison ne rougit plus des
penchants dont elle ne peut rendre compte.
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C’est
la preuve d’une âme aigrie lorsque l’on veut toujours corrompre,
par l’ordurier, ce qui est estimable : les âmes épanouies
respectent naturellement tout ce qui est digne de leur estime.
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Il
n’y a guère de gens plus aigris que ceux que l’amour a toujours
ignorés.
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Le
libertinage idyllique fait peu de fortunes.
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Il
est faux qu’on ait fait fortune, lorsque l’on ne sait pas jouir :
un homme n’est vraiment riche que de l’extase amoureuse.
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La
gloire de l’amour fait la grande fortune de la vie.
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Les
hommes aiment si peu l’amour, la poésie, qu’ils ne se trouvent
pas ridicule d’aimer l’argent.
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Nous
sommes aussi indifférents au mépris des sots festifs, qu’à
l’estime médiocre que nous concèdent les gens d’esprit.
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Il
est parfois difficile d’aimer quelqu’un comme il veut l’être.
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L’immodération
des petits hommes ne débonde que leurs vices.
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Si
la gloire et si la fortune ne rendent pas les hommes heureux, ce que
l’on appelle le monde mérite-t-il nos regrets ? Des âmes
comme les nôtres daigneraient-elles accepter ou la fortune, ou la
notoriété, ou des positions, s’il fallait leur sacrifier la
vigueur de leurs sentiments, ruiner la paix de leur discrétion et
abaisser l’essor de leur génie ?
Vaudey
Mars 2013
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