LE SECRET DES VOLUPTUEUX
Il
existe une forme de l'amour charnel qui unit les femmes et les
hommes, et qui ouvre les êtres à une fusion poétique, mystique
avec le monde.
Les
humains le savent depuis toujours.
Dans
la vallée de l'Indus, en
Chine, les humains ont su et
expérimenté cela. Même
sur le pourtour méditerranéen, soumis
pourtant
au régime de la double peine judéo-héllénique, le
sentiment océanique qui découle de l'abandon amoureux de
la femme et
de l’homme
ne
s’est pas perdu, mais il est resté un
secret — même si Ovide l'a transmis, en le plaçant au sommet de son Art d'aimer (clic). Et, au XVIIIe
siècle, La
Mettrie pouvait ainsi écrire :
« La
volupté a son échelle, comme la nature ; soit qu’elle la
monte ou la descende, elle n’en saute pas un degré ; mais
parvenue au sommet, elle se change en une vraie & longue extase,
espèce de catalepsie d’amour qui fuit les débauchés &
n’enchaîne que les voluptueux »
.
W. Reich (clic), au
XXe siècle, a décrit en détails
la
« fonction » orgastique —
comme
on parle de « fonction » respiratoire —
d’après
ce que ses patients lui en rapportaient.
La
chose, après ses études, est devenue plus claire : il existe une «
impuissance orgastique », c'est le nom qu'il lui donne, produite par
la névrose (dont on connaît les formes et la généalogie) — qui consolide la névrose en retour —, qui empêche cette forme poétique-extatique de la
sentimentalité et de la jouissance, qui se manifeste dans ce que
j'ai nommé, en détournant Rimbaud, l'extase harmonique,
l'expérience partagée égalitairement et dans un même mouvement
d'abandon (à cette « fonction » physiologique réflexe et
implacable) par l’Homme femelle et l'Homme mâle dans l'acte de
l'amour, — pour le dire comme Breton.
Beaucoup
de ceux qui connaissaient ce secret ne l'avaient pas dit. Ou alors, ils
l'avaient dévoyé à des fins de bonheur de petits-bourgeois — de
philistins, disaient, avec mépris et en pensant à Jules Guyot et à son Bréviaire de l'amour expérimental, la bande de vieux pubères
pervers qui tenait l’opinion littéraire,
jusqu’au mois de janvier dernier. — Remarquons tout de même la
supériorité du petit-bourgeois du XIXe siècle, qui cherchait la paix et le bonheur de
son foyer, c'est-à-dire au moins ceux de quelques êtres humains,
sur les
vieux pubères sans âge, poétiquement et mystiquement secs, qui, du haut
en bas de l'échelle sociale, errent aujourd'hui partout sur la Terre,
sous stupéfiants, pour satisfaire
leurs pulsions d'auto-destruction ou de destruction sur d'autres
pauvres hères tout aussi chimiquement stupéfiés qu'eux, — et plus ou
moins consentants.
Le maintien dans une
éternelle puberté, torturée par ses souffrances refoulées et son
immaturité stupéfiée — et dont on satisfait consuméristement les
pulsions issues de son injouissance —, voilà ce qu’aura été la
forme moderne de l’esclavage politique et économique des 60
dernières années, — dans nos contrées.
Nous,
nous disons le secret des voluptueux, et nous lui donnons sa pleine dimension
mystique et galante. Le fait que nous lui associons maintenant un
domaine de l'amour contemplatif — galant devrait rendre cette forme
de l'amour moins obscure : malheureusement, c'est dans un moment
d'effondrement civilisationnel, qui risque de faire disparaître tant
le domaine en question — en tant qu’œuvre d'art — que nos autres
manifestations poétiques et artistiques, — voire même le public
lui-même.
Trop tard.
Ou trop tôt.
Le 11 février 2020
R.C.
Vaudey
Journal
d'un Libertin-Idyllique (Illuminescences) 2020
UN
Je
flanibule sur nos terres…
La
vie
Diverse
Qui
s'y explandit
Est
soudain
— Dans
ce silence —
Mon
amie
J'observe
Au
loin
Comment
une colonie de genêts
S'est
installée sur un pan de colline
Bien
abrité
Le
chêne
Contre
lequel, assis, je m'adosse
Me
donne son énergie
— En
arrivant, je dormais
Et
puis je me fonds
Dans
le silence de ces êtres
— Jusqu'à
ces montagnes au loin
Le
ciel
Moi
Un
Le
12 février 2020
R.C.
Vaudey
Journal
d'un Libertin-Idyllique (Illuminescences) 2020
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