Cher
ami
Juste
un mot pour répondre à ta question : je n'ai pas inventé la
malédiction — en quelque sorte originelle — que prononce la femme — dès le début de l'Histoire, donc du patriarcat
esclavagiste — réduite en esclavage et violée par ses ravisseurs,
cette phrase est celle (je la cite de mémoire) qu'une jeune esclave
birmane prononçait contre son fils, issu donc d'un viol qu'elle
avait subi du « négrier » — thaïlandais,
si ma mémoire est bonne — qui l'avait enlevée et vendue. C'était
dans un documentaire, vraisemblablement sur Arte, il y a un mois ou
deux de cela.
Ensuite,
cette malédiction est en quelque sorte refoulée et seule demeure
visible la haine des mères pour les filles. C'est une sorte de
syndrome de Stockholm que
l'on voit chez les matrones du monde entier, qui
s'exprime dans la façon dont elles « castrent » — parfois
physiquement, avec l'excision — les nymphettes pour les soumettre
au pouvoir patriarcal. Il me semble qu'il suffit de repenser
simplement aux travaux de Germaine Tillion, Germaine Tillion qui,
dans Le harem et les cousins, montrait également à quel point
l'homme du patriarcat — comme enfant, comme époux etc. — est
en retour victime du mauvais sort qu'il fait aux femmes. Il y a
d'ailleurs tout un petit cinéma — dans la littérature et la
production érotiques ou pornographiques — issu de la projection
hallucinée que provoque cet impensé prototypique, si profondément
ancré dans cet inconscient collectif patriarcal — qui remet en
scène cette offrande par la vieille mère maquerelle (ayant été
elle aussi violée) de la vierge innocente au mâle.
Plus
prosaïquement, mais de façon tout aussi cruelle, la plupart des
mères sont plus tristes de la perte d'un fils que de celle d'une
fille, de même qu'elles se réjouissent plus de la naissance d'un
fils que de celle d'une fille. Ce qui fait souffrir les sœurs aînées
qui font souffrir leurs frères puînés, toujours reçus en Messie
et leur volant leur rôle de petite princesse. Sollers en parle très
bien dans un de ses romans — qui donne ainsi la clé de tout son «
érotisme » – très ambivalent.
Finalement,
en considérant ce point de la malédiction originelle de la femme
esclave contre ses
fils, orphelins
de père, on
comprend mieux pourquoi les Freudiens avaient envoyé Roheim chez les
Trobriandais. L'existence d'un groupe humain, aussi infime fût-il,
ne connaissant pas, et méprisant de surcroît, toutes ces fantaisies
pornographiques qui accompagnent la misère sentimentale et sexuelle
que produit le patriarcat, remettait en question la vieille
problématique de la malédiction
originelle — non
pas d'origine sensible
mais bien plutôt suprasensible,
c'est-à-dire en quelque sorte inhérente à la (mauvaise) « nature
humaine » —, bref remettait en cause cet « idéalisme en laid »
— ainsi que Nietzsche qualifiait, si justement, celui de
Schopenhauer – victime « inversée » de celui de Platon, revu et
corrigé par Kant, et
victime,
évidemment, de sa mère —, « idéalisme en laid » dont Freud
avait repris en partie le discours.
Tout
cela
se passait à
l'époque où la pensée avait de l'importance — pour elle-même.
Aujourd'hui, pour caresser la vérité, aucun
penseur
n'entreprendrait une expédition aussi longue, et peut-être même
aussi dangereuse, que celle qu'entreprit
Roheim…
— ou
que celle que nous poursuivons…
Aujourd'hui,
une bonne attachée de presse et une bonne « couverture médiatique
» suffisent.
À
propos de spectacle, et de manipulation, j'ai particulièrement
apprécié la prestation d'un olibrius — un baron de double jeu,
sans doute — le soir
même du vote de ce que certains qualifent de « loi la plus
liberticide de toute l'histoire de l'Humanité
» — dont du coup on s'est abstenu de parler. Voilà le genre
d'épisode qui permet de repérer le
réseau,
ou, plus simplement, la bêtise intéressée, et parfois même
seulement moutonnière.
…
Pour
me faire pardonner toutes ces considérations peu printanières,
laisse-moi t'offrir cette petite fatrasie qui
pose, en
commençant,
une vraie question mais qui n'y répond pas.
…
Pour
le reste — et en pensant à ce que tu m'écrivais —, à partir de
cinquante ans les hommes devraient boire, presque exclusivement, ce
que le
vieux Kabyle
que nous avions rencontré à Budapest appelait l'Élixir
de l'éternel printemps
— en fait, un simple bouillon de
brocoli, dont je te rappelle, au cas où tu l'aurais oubliée,
la recette : 300 g du légume susdit, frais ou surgelé, dans 1 l
d'eau, portée
à ébullition, et laissés
infusés
à petit feu pendant sept
à huit minutes ; la moitié bue
à midi,
l'autre le
soir. Hélas, l'élixir du vieux Kabyle
n'était pas très sexy, et tout le monde lui préférait la bière,
qui, faite
à partir de houblon, féminise les hommes dont elle finit
par éteindre
la libido, quant, à l'inverse, elle attise celle des femmes. Et le
vieux Kabyle
n'en finissait pas de donner du plaisir (n'est-ce-pas, dans un monde si cruel, une expression vraiment délicieuse…) aux dames de Buda et
de Pest,
qui le désiraient toujours davantage au fur et à mesure qu'elles
buvaient
tandis que leurs maris, à l'opposé, s'en moquaient
toujours davantage au fur et à mesure qu'ils descendaient des
Pilsens.
Quand on connaît leur beauté qui était plus grande encore que celle de leurs voisines que l'on appelait encore
des Tchécoslovaques…
Bon,
trêve de plaisanterie, voici la fatrasie :
VIDIMUS
Pourquoi
à l'inverse de celui
qu'offrent la fellation russe
Ou
le cunnilingus
L'orgasme
génital —
et
son clonus —
Débouche-t-il
les sinus ?
J'ai posé — il y a longtemps — la question à Bacchus
Puis
—
un peu plus tard —
à
Confucius
Et
même aux ultra-gauchistes
de Spartacus…
Ils
ont
tous
cru que je venais de Sirius…
Un
jour —
chez le Négus —
À
l'heure où sonne l'Angélus
Un
gugusse
Un
drôle d'olibrius
— En
fait un
minus
Mais
riche comme Crésus —
Qui
possédait un Stradivarius
— Acheté
une misère – à
Montreuil – aux
Puces —
Ainsi
qu'un abacus
— Qu'il
avait eu en bonus —
M'a
fait tout un laïus :
Il
prétendait —
mordicus
—
Que
dans un vieux bibliobus
— Payé
au prix de l'argus —
Il
avait trouvé —
entre
un gibus
Un
gros cumulonimbus
Quelques
rictus
Un
blocus
Un
fort stimulus
Toutes
sortes de phallus
Des
chemises à faux-col – d'utérus –
Et
un petit lapsus —
Dans
un vieux grimoire —
un anti-syllabus
Recopié
–
selon
un mystérieux processus –
D'un
antique papyrus
Venant
de la
vallée de
l'Indus —
Un
rébus
Qui
expliquait tous les mystères de Vénus
— Et
donc aussi celui des sinus
J'eusse
Aimé
en savoir plus…
Mais
nous étions arrivés au terminus :
Entre
un hibiscus
Un
papi russe
Et
un gros cactus
Le
Négus habitait un vieux ficus…
Dans
le Montmartrobus !
Enfin…
quel drôle d'us !
Le
21 mai 2015